Davy Lacroix, comment qualifiez-vous ce bilan ?
Il me ravit. Les Français ont lutté contre des adversaires, notamment asiatiques, professionnels. Les Coréens, qui ont pulvérisé ces championnats du monde, sont reconnus par leur gouvernement. Ils perçoivent ainsi des indemnités et des primes. Les Tricolores, eux, doivent payer leurs entraînements et font ce qu’ils peuvent, parce que nous sommes sur un secteur marchand. Les bowlings ne peuvent donc pas toujours proposer la gratuité.
Quel sentiment vous anime ?
Je ressens beaucoup de fierté et de bonheur pour les joueurs. La France ne compte qu’une soixantaine de licenciés en compétition. Ces titres et ces médailles récompensent le travail accompli depuis quatre ans. En effet, nous n’avons pas pu, faute d’organisation, être présent aux Deaflympics 2021 au Brésil (1). L’équipe a connu quelques difficultés et je ne sais pas comment remercier Frédéric Delsol. Il est parvenu à fédérer les joueurs et a permis de trouver une solution pour que la France puisse être représentée sur ces championnats du monde. Je remercie aussi chaleureusement Patrick Hunter, entraîneur national et son épouse Béatrice, coordinatrice, présents depuis de longues années l’équipe de France. Patrick, qui fut le premier entraîneur entendant à nous entraîner au cours des années 80. Il est ensuite revenu nous apporter, à titre bénévole, son expertise et son expérience, lorsqu’il a pris sa retraite. Il va tirer sa révérence après ce mondial. Le remplacer par un entraîneur aussi fort, qui acceptera d’intervenir à titre gracieux, ne sera pas simple.
Les deux titres donnent du relief à ce bilan
Ce bilan est-il conforme à vos attentes ?
Oui. Je ne voulais pas revenir en France avec moins de quatre médailles. Ces deux médailles d’or donnent du relief à ce bilan. J’attachais aussi une grande importance à gagner une médaille en équipe de cinq. Ludovic Bartout, Frédéric et Alexis Divol, Frédéric Delsol, Charles Pélican et Didier Boulle (remplaçant) n’ont rien lâché. C’est très bien. Après, Ludovic Bartout, en individuel et la triplette ont terminé 5e, à pas grand-chose, de la médaille. Et Ludovic Bartout termine aussi 4e en All Event. Nous aurions pu aller en chercher une ou deux médailles de plus mais je suis très satisfait par ce bilan.
Parlez-nous un peu de l’adversité ?
Les pays asiatiques ont pulvérisé les Européens. Lors des masters sur les six pays représentés, il n’y avait que deux Européens. Les Coréens, et ce n’est pas nouveau, sont un cran au-dessus. Taïwan et Singapour ont aussi été forts. Les Danois ont marqué les esprits. On attendait l’Allemagne à un meilleur niveau finalement, seule une Allemande a remporté l’or. Il s’agit de Mélanie Klincke, la femme de Frédéric Delsol (rires).
Le bowling est un sport de répétition donc il faut multiplier les stages et les entraînements. Aujourd’hui, même si les Français font beaucoup de sacrifices et prennent beaucoup d’expérience lors des épreuves disputées avec les entendants, il me paraît compliqué, au regard des moyens qui sont les nôtres, de rivaliser avec la Corée et Taïwan, les deux pays qui nous devancent au classement des nations.
Comment se porte la discipline en France ?
Je mise sur ce championnat pour apporter une bouffée d’oxygène et faire rêver de futurs joueurs de bowling. Jusqu’à présent, il a été très compliqué de retrouver une dynamique positive après le Covid et la non-participation aux Deaflympics. Depuis quatre ans, il y a eu peu de regroupements internationaux. J’espère que ces médailles vont nous donner une meilleure visibilité, notamment auprès des féminines. Cette année, Noémie Raynaud était notre seule représentante à Munich. J’aimerais composer une triplette femme lors des championnats d’Europe, à Bruxelles, en 2024.
1 : la France et de nombreuses nations ont boycotté les Deaflympics de bowling 2021 parce que le Brésil ne pouvant pas organiser les épreuves, cette discipline a été délocalisée en Asie. « Nous aurions accepté de disputer les épreuves sur un autre pays sud-américain mais pas sur un autre Continent », précise Davy Lacroix.
Règlement : il faut une surdité de 55 décibels à chaque oreille pour être éligible. Et lors des épreuves référencées, les sportifs doivent retirer leurs appareils afin de placer tous les compétiteurs sur un même pied d’égalité.
Les 4 médailles françaises
2 Or : Frédéric Delsol et Ludovic Bartout en double ; Ludovic Bartout en master individuel
1 Argent : Frédéric Delsol en all event.
1 Bronze : équipe de France équipe 5 : Ludovic Bartout, Frédéric et Alexis Divol, Frédéric Delsol, Charles Pélican et Didier Boulle (remplaçant).
La délégation tricolore à Munich : Frédéric Delsol, Ludovic Bartout, Alexis Divol, Didier Boulle, Frédéric Divol, Charles Pelican, Noémie Raynaud.
Staff de l’équipe de France. Davy Lacroix (directeur sportif), Patrick hunter (entraîneur national), Béatrice Hunter (coordinatrice équipe de France).
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