Quand il entre en centre de rééducation après un accident de ski en 2001, Pablo Neuman ne pense pas pouvoir de nouveau pratiquer des sports d’adrénaline. Car à l’époque, il n’existe pas de réel sport de contact pour les personnes tétraplégiques. « Un ancien patient du centre est venu chercher des gars comme moi, qui aimaient l’adrénaline pour monter un projet », explique le Toulousain. Quelques temps plus tard, ils créent le premier club de rugby fauteuil de France, le Stade Toulousain Rugby Fauteuil Handisport, dans sa ville natale, Toulouse. « On s’est fixé comme mission d’importer l’activité en France », poursuit celui qui souhaitait pratiquer un sport collectif. Aujourd’hui, le championnat de rugby fauteuil compte une vingtaine d’équipes, réparties dans trois niveaux.
Après le premier club, Pablo Neuman a ensuite connu la première équipe de France, créée en 2007. Dix ans plus tard, il honore sa dernière sélection en date avec la première médaille internationale des Bleus, le bronze aux championnats d’Europe en 2017. « J’ai fait partie de la génération pionnière, ça a mis du temps pour tout construire, il a fallu être patients. Il a fallu y croire et garder sa motivation malgré tous les obstacles, c’est donc super de terminer sur cette médaille. »
Après la création de l’équipe de France, il y a eu sa première participation aux Jeux, en 2012. Une fois encore, Pablo Neuman faisait partie de l’aventure. « Dans le monde du handisport, on est habitués à des événements qui ne touchent pas un grand public, on est souvent entre nous. Aux Jeux, on se retrouve avec tous les athlètes de toutes les disciplines de tous les pays, c’est une immense communauté qui se crée pendant la quinzaine. » Il réitére l’expérience paralympique à Rio, en 2016, où la France termine 7e. « À Rio, on a joué notre dernier match contre le Brésil devant 16 000 personnes, la rencontre était retransmise en direct sur France 4, tout le monde se sentait concerné. »
Aujourd’hui, il n’est plus dans le collectif France, mais continue de s’entraîner autant voire plus qu’avant, avec son club de toujours, désormais rattaché au Stade toulousain. « Nous sommes les champions de France en titre (en 2019 puisqu’il n’y a pas eu de vainqueur en 2020, NDLR). Je continue d’être sérieux, je pense que j’ai encore des choses à aller chercher en termes de performance. » Quand on lui demande s’il est triste de ne plus être sélectionné, la réponse est sans équivoque : « j’ai tellement milité pour développer ce sport en France, je trouve ça vraiment chouette que les gens se bagarrent pour une place en équipe nationale ».
Son militantisme, il le perpétue d’ailleurs au sein du Stade toulousain handisport, club pour lequel il est salarié. Le Stade toulousain handisport compte différentes équipes, dont une de rugby fauteuil et une de rugby à XIII fauteuil. « Nous sommes un des seuls clubs à être professionnalisé, je m’occupe de développer les projets sportifs », précise Pablo Neuman. Près de vingt ans après la création du club, Pablo Neuman est toujours aussi impliqué dans l’évolution de son sport.
Rédaction : S. Chauvet
Michel Mensch, un palmarès bien rempli
Danse : se réapproprier son corps
haut de page