« Si tu vas à Rio… » Roza Soposki, 21 ans, n’a sans doute jamais autant entendu cette air entêtant que pendant la saison 2015-2016.
Sparring-partner de l’équipe de France handisport depuis 2014, la pongiste valide a pris une autre dimension lors des Jeux Paralympiques 2016. « C’est en effet la première fois que je suis partie avec l’équipe sur une compétition. » Et quelle compétition. Prévue dans les bagages des Bleus depuis de longs mois, Sébastien Messager, le directeur sportif de l’époque, ne lui avait annoncé la bonne nouvelle que quelques mois avant le grand départ. « C’était une surprise incroyable, se remémore l’étudiante, actuellement en 2e année de l’école de kinésithérapie de Saint-Maurice, en région parisienne. « Les joueurs me chambraient en chantant régulièrement cette chanson… » A commencer par Maxime Thomas.
Le chef de file du « ping » français est sans doute l’un des premiers à avoir usé les revêtements de l’actuelle joueuse de Nîmes. C’était lors de son deuxième passage au Creps de Boulouris, quand Maxime Thomas était entraîné plus spécifiquement par Eric Angles. « Eric m’a entraînée et j’ai aussi joué à Estival sous les ordres de Jérôme Humbert. Tous les deux m’ont invité à venir relancer lors d’un stage de l’équipe de France. » Elle attrape le virus immédiatement. « Humainement, c’est super ben passé. »
Roza Soposki , née à Fécamp où elle a vécu jusqu’à l’âge de 5 ans, devient une fidèle, puis une incontournable des stages. « Je n’en manque pas un. Et aujourd’hui, j’essaie aussi de trouver des relanceurs pour les joueurs debout. Des adversaires ayant des caractéristiques de jeu se rapprochant de ce que l’on peut croiser à l’international. » Depuis janvier 2018, Stéphane Lelong lui a donné un statut de « relanceuse en chef ». Concrètement, la joueuse, parfaitement intégrée au sein du collectif et du staff, assure le lien entre les diverses composantes. « Entre le staff et les joueurs, entre les joueurs ou entre les membres du staff si cela est nécessaire. » L’étudiante en kiné, qui a tapé la balle pour la première fois à Grasse (où ses parents ont déménagé), à l’âge de 9 ans, mêle son expérience de joueuse de haut niveau passée par le pôle de Talence (Gironde) et l’Insep, de jeune femme et son goût des autres pour répondre aux attentes de chacun. « Je fais circuler les infos qui me semblent importantes mais aussi être l’éponge dont certains peuvent avoir besoin ponctuellement pour se confier. »
Présente aux derniers championnats d’Europe, plutôt décevants pour les Bleus, elle sera aussi du voyage en Slovénie pour les Mondiaux, organisés du 17 au 21 octobre à Lasko.
Entre ses études, ses ambitions de joueuse pro et son rêve de défendre ses chances pour décrocher un billet aux JO de Paris 2024 et son implication auprès de l’équipe de France handisport, Roza Soposki n’a pas le temps de chômer. Surtout qu’elle profite aussi de quelques semaines moins denses pour se rendre chez certains joueurs pour des stages individuels. « C’est beaucoup d’organisation mais aussi beaucoup de plaisir. Vivre des Jeux, comme ce fut le cas à Rio, est un bonheur indescriptible. » Aujourd’hui, Tokyo 2020 est dans son viseur. // J. Soyer