Pendant les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020, Ludivine Munos (née Loiseau) aura 40 ans. 2020 marquera également les seize ans de sa retraite sportive.
Amputée d’une jambe et d’un bras à la naissance, Ludivine Munos commence la natation en 6e, sur proposition de son prothésiste. À 12 ans, elle devient championne de France, quelques mois après avoir vu ses idoles briller aux Jeux de Barcelone, en 1992. « Tout s’est enchainé très facilement, je suis montée en puissance doucement », jusqu’à ses premiers Jeux, à Atlanta, en 1996. Après une disqualification sur le 50m papillon, elle prend sa revanche, en remportant, à l’âge de 15 ans, son premier titre paralympique du 50m nage libre.
Huit ans plus tard, à Athènes, Ludivine Munos quitte définitivement le haut niveau. Avec autour du coup, douze médailles paralympiques, dont trois titres en autant de participations. À 24 ans, elle estime alors « avoir atteint un maximum de performances ». « J’ai préféré arrêter au sommet de ma carrière. Je ne voulais pas faire les Jeux de trop », explique aujourd’hui l’ex-nageuse.
Le lendemain de son retour des Jeux, elle démarre une carrière de fiscaliste chez EDF dans le sud de la France, à Marseille. « J’avais tellement peur du coup de blues d’après-Jeux que j’ai préféré commencer à travailler tout de suite », se rappelle celle qui est désormais DRH dans une filiale du groupe.
Ludivine Munos n’a jamais vraiment quitté la natation. Vice-présidente de son club local de Voreppe en Isère (le cercle des nageurs de Voreppe), elle souhaite y développer, dans le futur, une section handisport.
En 2016, elle est embauchée comme consultante natation pour France Télévisions pendant les Jeux Paralympiques de Rio. « C’était génial. Mais c’était une expérience difficile, de se challenger quant à sa capacité à parler aux français, à rendre les catégories accessibles… ». L’année d’après, elle est rappelée pour commenter les championnats du monde valides de natation, aux côtés de Florent Manaudou. « J’en ai pris plein les yeux », raconte-t-elle avec le sourire dans la voix. « J’ai trouvé ça grandiose qu’on me donne cette opportunité, sans mettre mon handicap en valeur. »
Ludivine Munos a vu le handisport se démocratiser au fil des années. Après ses premiers Jeux, le Paralympisme est très peu connu. En 1999, elle participe à Fort Boyard. Quand elle propose d’enlever sa prothèse pour la remplir de Boyards, on lui refuse. « Aujourd’hui ça ne poserait aucun problème », se réjouit-elle. Désormais, « on a de vrais professionnels du sport, on peut médiatiser le handicap ». « J’ai beaucoup d’espoir pour Paris 2024. »
Elle souhaite montrer au plus grand nombre qu’on peut « avoir une vie comme les autres. Je fais du ski et du patin à glace avec mes deux enfants. Je vais moins vite, mais c’est possible. » Ludivine Munos continue de faire des interventions, dans des écoles ou des entreprises, afin de vulgariser le handicap, mais surtout, pour motiver la population à se bouger. « Les enfants ont tendance à arrêter le sport après le primaire, il faut les amener à continuer. »
Rédaction : S. Chauvet
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