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Christian Fémy: faire sauter les a priori

24 septembre 2018
Christian Fémy est le directeur des sports d’hiver à la Fédération Française Handisport. Arrivé, comme il le dit lui-même « presque par hasard » dans le Handisport en 2010, il avait auparavant entrainé à tous les niveaux, jusqu’en équipe nationale en France, mais aussi au Canada. Le ski de haut-niveau et la montagne ? Il connaissait. Le Handisport ? Tout était à découvrir ! Armée de son expérience et de sa volonté, il considère le handicap comme un simple élément dans la prise en charge globale de l’athlète, les limites liées à celui-ci comme mouvantes, le rôle de l’entraineur comme un professionnel qui s’adaptera au handicap pour révéler la façon la plus adaptée d’être performant. Se libérer des schémas classiques de ski chez les valides, repousser les limites en restant dans une zone de sécurité, intégrer son schéma corporel, mais surtout s’entrainer et répéter sans cesse tel est le crédo de Christian Fémy.

Quelles sont les différences générales entre coacher un sportif valide et handicapé ?

D’une manière globale, pour ma perception aucune. Chaque athlète est différent. Si l’on veut atteindre l’excellence, on doit centrer l’athlète sur ses capacités, ses ambitions, le projet que l’on met en commun. Chaque être humain est composé d’une manière différente : psychique, mental… Et je ne parle pas de handicap ! Nous prenons en compte la personne d’une manière globale, et le handicap en fait partie intégrante. Je n’ai pas envie de parler du handicap en terme de contrainte. Au début, quand je suis arrivé, j’ai eu tendance à sous-estimer le handicap, mais celui-ci, à un moment donné sera toujours limitant. Il faut toujours essayer de s’approcher  de cette limite.

Dans l’organisation de l’encadrement, quelles sont les spécificités?

Ma première priorité c’est avoir du staff qui connaît la discipline. Les sports d’hiver sont des sports particulièrement techniques, et l’environnement, celui de la montagne, est très spécifique également. L’idée est avant tout d’avoir des spécialistes de la discipline sportive. La FFH a certes l’expertise du handicap, mais celle-ci, appliquée à des sports d’hiver, demande une connaissance supplémentaire pour arriver à être performant. Si les entraineurs sont bons ils sauront s’adapter au handicap des personnes qu’ils entrainent. C’est tellement large entre un DV, un sourd et une personne fauteuil… Pour les fauteuils, nous avons besoin, notamment pendant les Jeux, de sherpas, pour porter le matériel, même si les techniciens le font aussi. Du côté du médical, nous essayons d’avoir en permanence un kiné avec nous, il gère la phase de récupération et la problématique du handicap. Et lui aussi aide à porter le matériel !

En quoi le fait d’encadrer un groupe handisport a fait évoluer ta façon d’encadrer les sportifs ?

Nous ne sommes pas tous faits pareil mais nous avons des rapports en osmose, nous essayons de mettre en place une dynamique d’équipe, de groupe. C’est très riche, nous avons des personnes qui n’ont pas vécu une formation standard. Quand on entraine chez les valides, nous récupérons des personnes qui sont toutes formatées de la même manière. En handisport nous avons des profils différents, des personnes qui sont arrivées plus tard dans la discipline. Il y a donc logiquement plus de richesse dans les rapports aussi.

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M. Mainguy / © G. Picout

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