Devenir Directeur Technique National de la FFH, c’était une ambition ?
Ce n’est pas le titre qui m’intéresse, mais la mission avant tout. Je suis surtout très fier et honoré que notre Ministre Laura Flessel me l’ai confiée, et de la confiance que me témoigne le président de la FFH, Frédéric Delpy. Je souhaite donner une continuité à l’équipe fédérale, apporter un prolongement au travail initié par mes deux prédécesseurs, Christian Paillard et Jean Minier. J’ai eu la chance de travailler à leurs côtés, et j’ai beaucoup appris. Aujourd’hui, je me sens légitime pour représenter cette culture handisport, diriger et animer l’équipe de la DTN.
Le nouveau projet sportif est résolument tourné vers l’avenir, c’était une évidence ?
Malgré le fait que nous ayons été chahutés dernièrement avec les délégations et le départ de certaines disciplines, nous avons une fédération qui a de l’avenir et un rôle majeur à jouer. Certains ont pensé qu’il pouvait y avoir une hémorragie, je suis persuadé que non. Nous avons un avenir car nous savons faire. Dans le domaine du handicap, aucune autre fédération n’est comme la nôtre: avec une offre multisports, une offre sportive compétitrice unisport, une offre de pratique de loisir, des sports paralympiques, des évènements spécifiques pour des publics particuliers…
Il nous faut redonner de la confiance, entretenir un discours positif, nous réorganiser autour de notre savoir-faire sur la pratique sportive et la performance. Nous devons réinventer un nouveau modèle économique avec comme enjeux de s’adresser à de nouveaux publics, promouvoir de nouvelles formes de pratiques (sport santé, etc..).
Nous sommes passés de la 16e à la 10e place au classement des nations aux Jeux Paralympique de Rio. Depuis Londres nous avons mis en place une nouvelle stratégie de détection pour les futurs sportifs de haut-niveau, avec le programme national et régional de jeunes à potentiel. Nous avons développé une vraie relation avec le monde de l’entreprise et fait de gros progrès sur le suivi socio-professionnel avec l’accompagnement et la contribution du Ministère des sports. Nous n’allons pas nous arrêter là, nous allons continuer à être performants ! Nous pouvons avoir confiance en notre avenir en repositionnant notre fédération sur l’expertise. Nous devons accompagner les autres acteurs externes (fédérations et associations) qui travaillent aussi sur la question de l’activité physique, du sport et le handicap. Nos 70 ans d’histoire et notre caractère multisports nous rendent uniques et nous pouvons en être fiers ! N’oublions pas que nous avons été précurseur dans la mise en place de nouvelles pratiques telles que : le foot fauteuil, la sarbacane… Nous aspirons à être de véritables experts !
Comment asseoir le futur de la fédération ?
La grande nouveauté sera la création d’un secteur expertise. Nous allons mieux accompagner notre formation, mieux valoriser notre savoir-faire avec des documents techniques et médico-techniques, nous rapprocher d’autres associations qui ont besoin qu’on les aide à structurer leurs projets sportifs. Nous allons mettre en place une commission médico-technique qui va travailler sur la thématique du médical et du sport, du sport santé, de la classification, et des nouveaux publics. Des questions plus générales liées à l’expertise (recherche documentaires, colloques…), aux problématiques d’accès à tel ou tel sport, à l’aménagement des pratiques, aux types de prise en charge du handicap…
Une autre grande nouveauté, sera la création d’un pôle développement qui aura pour vocation de s’adresser à nos licenciés avec une offre sportive attractive et diversifiée.
Comment envisagez-vous le développement du nombre de licenciés ?
Chaque année, un licencié sur cinq ne renouvelle pas sa licence Par ailleurs, nous perdons 100 nouveaux clubs par an quand 150 s’affilient pour la première fois. Il nous faut prioritairement réussir à fidéliser ces structures et ces licenciés avec une offre sportive plus attractive. D’une discipline à l’autre, nous devons pouvoir proposer un panel sportif plus conséquent et harmonieux. A ce jour, nous avons des disparités trop importantes entre les différentes pratiques proposées aux licenciés. Notre modèle de licence doit évoluer pour permettre aux détenteurs de s’épanouir potentiellement dans un sport ou un autre. Par ailleurs, depuis 4 ans nous travaillons à atteindre de nouveau publics. Cela passe par les grandes associations de parents d’enfants en situation de handicap, mais aussi par de nouveaux partenariats du réseau handicap ou encore des associations gestionnaires d’établissements. Le tout dans une relation gagnant-gagnant.
Comment mieux faire connaître l’expertise Handisport ?
Nous avons une culture formidable, mais pendant trop longtemps nous ne l’avons pas assez formalisée. Aujourd’hui, nous devons nous attacher à le faire pour accroitre l’expertise des bénévoles et salariés. Cela passe par des projets de formation interne et externe. Nous allons créer un pôle expertise chargé de mettre à l’écrit ces connaissances, de la diffuser en interne et de rayonner en externe car la FFH sera attendue dans les années à venir sur ces sujets. Si nous n’occupons pas cet espace, nous allons manquer l’occasion de nous positionner sur un secteur dans lequel nous avons plus de 70 ans d’expérience. Nous avons su garder l’état d’esprit qui permet à tout le monde, peu importe son handicap, de pratiquer une activité sportive. Aujourd’hui, il est temps de formaliser notre expertise, de la mutualiser et la transmettre.
Comment élever le niveau des équipes de France à l’international ?
Nous bâtissons sur la dynamique de Paris 2024. Il nous reste encore deux ans pour détecter des jeunes qui ne sont pas encore dans la pratique, mais qui ont éventuellement un potentiel pour les Jeux Paralympiques de 2024. Pour cela, nous allons intensifier notre campagne de détection avec le dispositif de jeunes à potentiel. Mais d’emblée, construisons et faisons confiance aux sportifs de haut-niveau, accompagnés dans le dispositif du parcours d’excellence sportive, qui sont déjà identifiés dans nos structures d’entrainements permanentes actuelles (Talence, Vichy) ou de club. Nous prévoyons d’augmenter le nombre de structures d’entrainement unidisciplinaire permanentes (comme actuellement en athlétisme à Nouméa, ou encore à St Cyr sur Loire). Nous espérons réussir à mailler le territoire de nouvelles structures avec notamment un pôle espoir multisport dans chaque grande région. Le centre fédéral qui regroupe notre pôle France multisport, à Talence, doit aussi désormais monter en puissance autour d’un accueil du SHN plus individualisé. Aussi sur les sujets tels que : planification, entrainement, diététique, adaptation du matériel, médical… Il faut également recréer du lien entre les entraineurs des sportifs de haut-niveau, nos structures d’entrainements et nos entraineurs nationaux. Actuellement, il y a un vrai déficit de travail en commun. Trop souvent, les entraineurs nationaux ne sont pas assez en relation avec les entraineurs personnels qui suivent le sportif de haut-niveau sur toute l’année et le travail qu’ils effectuent ensemble.
Enfin, nous allons missionner un cadre technique pour être directeur des Equipes de France, entretenir le lien avec les directeurs sportifs, les entraineurs personnels, les athlètes et le pôle haut-niveau et performance.
Comment la politique sportive sera-t-elle déclinée sur le territoire ?
Dans la réorganisation que je propose il y a cinq secteurs, dont un qui concerne l’accompagnement des territoires. Il aura pour vocation d’être très proche des comités régionaux et départementaux, par des séminaires notamment. Nous aimerions mettre en place un contrat fédération-région sur la base de moyens financiers et humains, via les salariés notamment. Le principe étant de soutenir d’avantage les comités qui déclinent en actions concrètes du projet sportif fédéral. C’est la récompense de l’engagement.
Comment va s’organiser le nouveau service de la DTN ?
J’ai choisi d’être accompagné par un adjoint. Et je mettrai par ailleurs en place un comité de pilotage de la DTN composé de cinq directeurs de service : développement, expertise, haut-niveau et performance, formation, accompagnement du territoire. C’est ce comité de pilotage, mon adjoint et moi-même qui animerons la politique de la DTN, en lien avec les équipes de salariés fédéraux et CTS! La tâche est aussi grande, que nos ambitions sont claires et fortes. Pour les défis qui nous attendent, je sais pouvoir compter sur un réseau solide et des équipes motivées pour déployer nos valeurs et renforcer nos actions pour être au rendez-vous de notre mission de service public, avec un horizon stimulant et plein de promesses, Paris 2024 !
1980: Baccalauréat au Lycée de Carhaix-Plouguer (Finistère)
1988: Brevet d’état 1er degré Handisport
2005: Formation professorat de sport : Creps de Chatenay-Malabry
2010: Titularisation au professorat de sport (liste d’aptitude)
1989: Conseiller technique sportif, détaché de la ville de Paris au Ministère des sports. Mis à disposition de la Fédération Française Handisport.
1990: Directeur du département jeunes
2008: Directeur du pôle développement et innovation
2008>2017: Adjoint au Directeur Technique National
Participation à l’élaboration et à la mise en œuvre du projet fédéral « Puissance 20 ». Contribution à l’animation de la direction sportive et représentations diverses de la direction technique national et du DTN.
1992>2016: Gestionnaire de la logistique de l’équipe de France aux Jeux Paralympiques