En 1967, Claude Terraz fut le premier Conseiller Technique Régional de ski valide en France. Membre du Comité d’Organisation aux Jeux Olympiques de Grenoble en 1968, il a ensuite œuvré, pendant une décennie comme chargé de mission national à la Fédération Française de Ski pour développer le ski de fond (formation de moniteur, développement de compétitions populaires…). L’ancien président du club Vercors Handisport, 80 ans en avril, s’est familiarisé avec le mouvement vers la fin des années 80. « Déjà, quand je travaillais dans le milieu valide, je me préoccupais des déficients visuels, explique Claude Terraz. En tant qu’enseignant, j’étais intéressé par la manière d’apprendre à ce public. » Il est devenu Directeur Technique Fédéral (l’équivalent des DS aujourd’hui) du ski nordique en 1989.
Claude, pouvez-vous revenir sur ces années à la tête de l’équipe de France de ski nordique ?
Ce sont de bons souvenirs. Ma mission était de trouver et former des skieurs assis pour être présent dans ces épreuves lors des Jeux de Tignes/Albertville de 1992. J’avais donc deux ans. A l’époque, à la fin des années 80, il n’y en avait pas. J’ai donc dû aller draguer parmi les athlètes en fauteuil. Ma première épreuve internationale s’est déroulée aux Etats-Unis, en 1990, lors des championnats du Monde. Nous y avions ramené quelques médailles. Aux Jeux en France, les fauteuils n’étaient pas complètement prêts. Mais après, certains ont marqué les esprits. Didier Riedlinger, un Alsacien, a décroché quatre médailles d’or aux Jeux paralympiques suivant, en 1994 à Lillehammer (Norvège) et deux de Bronze à Nagano (Japon) quatre ans plus tard.
Le ski nordique handisport ne semble pas avoir connu le même essor que l’alpin…
C’est vrai. On ne peut parler de développement populaire du paraski nordique, comme on peut le faire en alpin. Le ski nordique est resté et reste très confidentiel. Nous avons du mal à élargir la base. On ne recrute qu’au compte-gouttes.
Pourquoi cette différence ?
Une personne accidentée qui a skié avant d’être en situation de handicap peut vite retrouver de bonnes sensations en paraski alpin. Il y a la glisse, la vitesse, le côté spectaculaire et le plaisir. Et en plus, ils peuvent devenir performants assez rapidement. Le ski nordique est beaucoup plus dur physiquement. Il faut vraiment, avant, avoir été accroc à un sport comparable (natation, cyclisme) ou aimer se dépasser. Il est toujours plus difficile d’aller contre l’apesanteur, qu’avec.
Comment évoluent, sportivement, ces disciplines de fond ?
Il y a une vraie professionnalisation. C’est forcément une bonne chose pour le niveau de pratique. Les pistes sont plus sélectives à mon goût. Mais cette professionnalisation accrue, au plus haut niveau, ne doit pas freiner les sportifs. Il n’est en effet pas toujours facile de concilier emploi et paraski de haut niveau…
Quelles sont les pistes pour attirer de nouveaux pratiquants ?
Il faut mieux communiquer, entrer dans les établissements scolaires, valoriser ces disciplines et inciter les clubs valides à créer, en leur sein, des sections handisport. Quand le déficit est léger, les skieurs en situation de handicap peuvent suivre des rythmes de valides. Benjamin Daviet a gagné des courses valides. Cela provoquerait une émulation positive. Créer un club handisport pour un ou deux skieurs ne favorise pas ces émulations et ces envies d’aller plus loin.
Les retransmissions télévisées des Jeux par France Télévisions, comme à Sotchi et celles prévues à PyeongChang, peuvent-elles favoriser l’essor populaire du nordique ?
Oui. On l’a vu lors des Jeux en France. Mais pour le handisport, la donne est un peu différente. Les images et les performances vues à la télé suscitent l’admiration mais elles n’engendrent pas un réel élan. La médiatisation des Jeux Paralympiques aide au développement. Elle permet de donner des informations et de sensibiliser le grand public. // J. Soyer
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