Le haut niveau, elles le connaissent bien. Le fréquente depuis leur plus jeune âge. Carole Grundisch, 33 ans, totalise sept titres de championne de France individuel valide entre 2005 et 2020. Emmanuelle Lennon, 32 ans, est l’une des figures du ping féminin en France. Toutes deux ont rejoint leur amie, Roza Soposki, 23 ans, arrivée comme relanceuse de l’équipe de France handisport en 2014 et désormais en charge du secteur performance avec Grégory Rosec. Carole Grundisch qui fait valoir ses talents d’analyste vidéo et Emmanuelle Lennon, préparatrice physique, racontent comment et pourquoi elles ont mordu.
Pouvez-vous revenir sur le cheminement qui vous a amené à pousser les portes de l’équipe de France handisport ?
Carole Grundisch : « Roza est une amie. Elle m’a rapidement parlé de l’équipe de France handisport puisqu’elle était relanceuse des Bleus depuis 2014. En 2018, j’ai été invitée par Stéphane Lelong (le DS) à découvrir le fonctionnement lors d’un stage à Vichy. »
Emmanuelle Lennon : « J’intervenais sur les stages de Thu Kamkasomphou, organisés avec son association, à Dinard. Des stages ouverts en handisport et aux valides. Puis on a travaillé ensemble. On se connaissait depuis longtemps et même vision. À Nîmes, j’ai aussi travaillé avec Fanny Bertrand. Aussi, je connaissais bien Roza. J’ai fait un stage en équipe de France comme relanceuse. Cela s’est bien passé. J’ai passé le premier niveau de formation handisport. Stéphane Lelong m’a présenté le projet et a insisté sur sa volonté de professionnaliser l’ensemble. »
Quels ont été les éléments qui vous ont décidé à vous lancer ?
C. G. : « Stéphane Lelong cherchait des personnes volontaires. Tout au long de ma carrière, j’ai côtoyé des pongistes en situation de handicap. Je trouvais que leurs valeurs se rapprochaient de celles que je défends. Par mes études de kiné, j’ai aussi été en contact avec le handicap. J’ai également eu envie de transmettre ma connaissance du haut niveau. En termes d’implication dans l’entraînement, je sais ce que c’est. Je connais les difficultés qu’ils peuvent rencontrer. Ce sont aussi des rencontres. Roza et Emmanuelle sont mes témoins de mariage. Travailler avec des amies permet de se dire les choses. J’ai rencontré des gens avec qui ça colle bien dans le staff… »
E. L. : « L’engagement des athlètes est motivant… Ça fait résonnance avec la rigueur que j’ai eue durant ma carrière. J’ai envie de leur faire gagner du temps en leur apportant des éléments qui m’ont parfois fait défaut. Je veux les aider à atteindre leurs objectifs. Par ailleurs, on a un staff super, de la relance aux entraîneurs… On est tous passionnés… On est uni par ça et très heureux de se retrouver. Ça joue beaucoup. »
Quelles sont vos missions exactement ?
C. G. : « J’analyse en vidéo des joueurs français et des étrangers. J’ai déjà ressorti des petits bilans sur les joueurs fauteuils. J’ai un regard assez neuf donc je vais amener des choses nouvelles et lancer des pistes de réflexion. Le staff m’a bien aidé en me donnant un certain nombre de joueurs à analyser par classe. Je réponds aussi à des demandes individuelles… Le confinement m’a permis de réorganiser mes fiches et mes notes. On échange à chaque stage à travers un vrai dialogue. Je sens que ça leur fait du bien. Ces discussions peuvent aussi dépasser le cadre de l’analyse vidéo pure et simple. D’ailleurs, j’espère aussi pouvoir rapidement apporter mon aide sur de la préparation mentale. »
E. L. : « Titulaire d’un master entraînement et optimisation de la performance, j’ai également suivi une formation de préparation physique pour les sportifs de haut niveau. Ma principale mission consiste donc à proposer un programme de préparation physique. Notamment auprès des plus jeunes afin qu’ils deviennent autonomes. J’essaie aussi de leur apporter mon expérience de joueuse de haut niveau. La psychologie féminine est assez différente de celle des garçons. J’ai une connaissance de certaines de leurs problématiques… »
L’acclimatation aux spécificités handisport a-t-elle été difficile ?
C. G. : « J’apprends les particularités liées aux classes de handicap mais je n’aime pas trop l’expression « se former au milieu du handisport ». C’est du tennis de table comme en valide… Avec des points forts et des points faibles qui sont différents selon les joueurs. Mes études de kiné m’aident énormément. Je veux aussi bousculer un peu les choses en place. »
E. L. : « C’est différent au début. Il y a de nombreux paramètres à prendre ne compte. C’est un univers que je ne maîtrisais pas même si les stages effectués avec Thu, à Dinard, m’avaient apporté un peu d’expérience. Globalement, les sportifs doivent être un peu plus acteurs de leur préparation physique que les valides. »
Propos recueillis par J. Soyer
Christophe Durand, « boulimique de sport »
Les règles de jeu du tennis de table
Vers plus de sourds dans le milieu sportif français