Depuis de nombreuses années à l’Insep, pourquoi avoir accepté de venir travailler à la FFH ?
J’ai pris cela comme un nouveau défi. Je pensais terminer ma carrière professionnelle au sein de l’Unité d’Accompagnement à la Performance de l’Insep mais cette idée d’intégrer la Fédération Française Handisport m’a enthousiasmé et a suscité en moi l’idée d’un nouveau challenge. En venant au Handisport, je pense pouvoir amener un savoir-faire qui permet l’optimisation des performances, un niveau d’expertise qui peut faire la différence, et amener un réseau de personnes que j’ai tissé tout au long de ma carrière professionnelle. Enfin sur le plan humain, amener de la croyance en ses réelles capacités.
Vous connaissiez le Handisport avant votre entrée à la FFH ?
Sincèrement très peu. Je ne l’ai jamais caché à l’heure où l’on me recrutait pour occuper la fonction. Mais je sais m’adapter aux situations nouvelles, et finalement un œil neuf d’une personne qui a du recul sur un sujet c’est toujours intéressant. Depuis que j’ai accepté le poste, je rencontre les gens, je me cultive, j’écoute, je lis.
Quelles ont été vos premières impressions en arrivant ?
J’ai senti une énorme envie de bien faire, beaucoup de générosité et de la réceptivité. Mais aussi une immense demande : que l’on accompagne encore et toujours mieux les sportifs de haut niveau, en leur proposant à chacun un parcours individualisé, adapté à leurs possibilités et à leurs contextes de vie. Au plus près de la réalité.
Concrètement cela veut dire quoi ?
J’ai commencé à rencontrer les 44 sportifs potentiellement médaillables à Tokyo en 2020 afin d’analyser leurs besoins dans différents domaines de la préparation comme la planification, la préparation physique, la technique, la préparation mentale, l’hygiène de vie,… Je me suis fixé quatre mois pour tous les voir et écouter leurs demandes, leurs besoins. Je souhaite que les chemins de sélections pour la période 2018-2020 soit connus le plus rapidement possible et pour cela il faut mettre en place des stratégies appropriées à chaque contexte sportif. Ensuite, il faut rapidement mettre en place une unité d’aide à la performance avec des techniciens, des préparateurs physiques, des nutritionnistes, des chercheurs et des experts dans chaque domaine. Il faut utiliser au maximum les ressources du mouvement Handisport. Je crois que le maître-mot est « réactivité ». Je veux connaître le manque des gens afin de pouvoir les aider à résoudre ce qui entrave la bonne marche du système, lutter contre les freins, rendre ce qui apparait impossible « possible ». Une question, une demande doivent avoir une réponse dans la semaine. Les premiers retours mettent en avant la question de la préparation mentale. Allons-y, proposons quelque chose tout de suite. Soyons dynamiques et imaginatifs ! Enfin, je souhaite une plus grande actualisation des savoirs des entraîneurs afin qu’ils augmentent sans cesse leur niveau de compétences. Je souhaite n’oublier personne.
Le haut-niveau est le même que pour les valides ou existe-il un haut-niveau spécifique au Handisport ?
Un peu des deux. Sur les valides, on commence à savoir faire je pense mais il ne s’agit pas de faire du copier-coller. Les choses sont plus fines en Handisport, les champs et les contextes d’intervention sont toujours singuliers. Le handicap a des spécificités qu’on ne connaît pas, comme par exemple le coût énergétique occasionné par une charge d’entraînement pour un handicap particulier ou lors d’un déplacement, les compensations motrices mises en place. Un gros dossier à étudier rapidement c’est la prévention des blessures, il faut réfléchir aux déséquilibres occasionnés par la pratique forcément hyper spécifique de certains sportifs. Dans le même temps, j’aime l’idée que ce sont des sportifs de haut-niveau. On leur a enlevé quelque chose mais ils en ont fait une possibilité et ils veulent aller au bout. D’un point faible, ils en ont fait un point fort, c’est surprenant !
Vous parliez de l’aspect mental, c’est un domaine qui peut devenir majeur dans la préparation de ces sportifs ?
Majeur je ne sais pas car la performance est un tout complexe, mais important en tout cas et à ne surtout pas mésestimer. En France, on a toujours eu du mal avec la psychologie. Elle ramène à la maladie, à la normalité, alors que cela n’a rien à voir. C’est une façon de mieux se connaître afin d’utiliser le meilleur de nous-mêmes. Il ne faut pas attendre d’avoir un problème pour parler de son mental. Dans le sport, les années 80 ont été marquées par l’attention vis-à-vis des questions techniques et pédagogiques, les années 2000 par un formidable essor des connaissances en matière de préparation physique, les années qui viennent vont être axées sur la préparation mentale j’en suis convaincu.
Peut-on déjà parler du nombre de médailles des Jeux de Tokyo en 2020 ? Et Paris 2024 ?
Je ne sortirai aucun chiffre. Je ne suis pas capable d’en parler à l’heure où je prends les affaires en mains. Il faut déjà travailler tous ensemble à la préparation préparation la plus aboutie possible de nos athlètes, à l’observation de la concurrence et juste appliquer les bonnes méthodes, celles qui portent leurs fruits au bon moment. Les projections de médailles arriveront en temps voulu. Quant à Paris 2024, pensons-y mais passons déjà par Tokyo 2020.
Quelle phrase de conclusion voudriez-vous adresser à l’ensemble des sportifs Handisport ?
Assumez votre destin car personne ne le fera à votre place. Croyez en vos possibilités ! Soyez proactifs et nous vous suivrons. // R. Goude