Si chaque athlète est soutenu par ses parents, de la même manière que chaque grand homme est soutenu par une femme, alors cette affirmation souligne l’importance du cocon familial dans la réussite. Dans le reflet de chaque médaille remportée, derrière chaque record battu, chaque larme versée, chaque sourire de satisfaction sur le visage d’un jeune athlète se cache dans l’ombre, un pilier essentiel souvent oublié : les parents. Ces figures offrent un soutien inébranlable et un amour inconditionnel, façonnant ainsi le succès et l’épanouissement de leurs enfants dans l’univers du handisport. Parmi eux, nous rencontrons Soizic, Séverine, Virginie, Brice et Dimitri, chacun jouant un rôle indispensable dans le parcours de leur jeune.
Métro, boulot, pas le temps pour dodo !
Les parents, au même rythme que leurs enfants, s’engagent dans une course chronométrée. Chaque instant est minutieusement planifié, et c’est l’emploi du temps sportif de leurs enfants qui donne une partie du tempo. Lundi soir, c’est basket fauteuil pour Soizic, ou plutôt pour Jérémy, son fils. En parallèle, ce jeune basketteur du Comité Régional d’Ile-de-France, pratique le vendredi soir l’escrime. Pour Soizic, ces activités sportives sont presque les siennes, car elle organise et s’adapte minutieusement aux obligations de Jérémy. À quelques kilomètres de là, dans les Hauts-de-France, Virginie prend la route. Elle s’apprête, comme souvent, à assister à une des nombreuses compétitions de sa fille, Lou. Lou, tout comme son homologue francilien, pratique divers sports, boccia, sarbacane en passant par le tir à l’arc. La plupart des enfants inscrits dans une pratique handisport réalisent qu’ils ne sont pas limités à une seule discipline et que plusieurs opportunités s’offrent à eux, les incitant à en faire davantage. C’est ce qu’apprécie la jeune athlète Sayuri, qui s’est passionnée pour la sarbacane et le cyclisme, et dont le sourire rayonne comme le soleil de la Nouvelle-Aquitaine. Les parents se retrouvent alors, eux aussi, à faire du sport puisqu’ils jonglent entre les divers engagements sportifs de leurs enfants. Cependant, cette gestion n’est pas toujours aisée, souligne Brice, le papa de Sayuri. « Ce sont quelques complications dans notre organisation, elle est lycéenne, suivant un parcours professionnel. Son emploi du temps est déjà pas mal overbooké ».
Le bonheur des enfants n’a pas de prix ?
L’aspect financier joue un rôle variable selon les sports pratiqués. Certains nécessitent des investissements conséquents, comme la boccia pour Lou en raison de son handicap, elle a besoin d’une rampe, tandis que d’autres, comme la sarbacane, sont plus accessibles. Des aides sont disponibles, notamment par le biais des associations et des comités handisports, pour soutenir les familles et garantir que l’aspect financier ne soit pas un frein à la pratique sportive. « Nous avons de la chance que le club prête un fauteuil d’escrime et de basket à Jérémy, sans frais supplémentaires. Mais le jour où nous devrons en acheter un, cela sera plus difficile. », ironise Soizic. Pour résoudre cette préoccupation, les parents de Sayuri ont mis en place l’association Handi’spensables. « Son objectif est d’aider les jeunes en situation de handicap à s’engager dans des clubs sportifs en contribuant au paiement des licences, même avec le soutien des comités handisports régionaux et départementaux. Ces organismes peuvent apporter une aide financière essentielle pour aider les familles à pallier aux problèmes financiers qui ne doivent pas être un frein », développe Brice. Fruit d’une volonté de promouvoir le sport auprès des jeunes et motivé par l’expérience hasardeuse de leur fille, ont fondé cette association afin qu’elle joue le rôle de passerelle. Elle présente aux jeunes des options variées de sport adapté et handisport, ce qui permet d’identifier ceux qui sont intéressés par une discipline spécifique et de les encourager à s’engager. « Cette initiative peut même contribuer à faire émerger de futurs espoirs sportifs parmi eux. », renchérit le Papa de Sayuri.
Alerte défis parentaux
Bien que de nombreux individus soient confrontés à un handicap, le handisport est longtemps resté méconnu en tant que pratique sportive. L’un des plus grands défis pour les parents est alors de répondre aux aspirations sportives de leurs enfants en situation de handicap. « Thomas est atteint d’une ataxie, un handicap moteur, je vous laisse donc imaginer ma surprise quand il nous a demandé de faire de l’athlétisme », s’amuse Séverine. Passé cet étonnement, elle s’est rapprochée d’un club à proximité de chez elle, mais il n’avait pas de section handisport. Thomas a donc évolué auprès des valides, mais plus jeunes, l’occasion pour lui de ne pas être en décalage et réduire les différences de capacités. Aujourd’hui, sa forte progression lui permet de s’entraîner aux côtés d’enfants de son âge. Un des plus grands défis pour Séverine est de garder en tête que ce sport doit rester un plaisir pour son garçon, « il ne faut surtout pas qu’il tombe dans une fatigabilité ou en situation d’échec ». Alors que certains parents n’ont pas besoin de chercher bien loin pour trouver un club qui ouvre les bras à leurs enfants, d’autres se voient contraints d’endosser la cape d’un super-héros pour trouver un établissement qui accueille leur enfant. En effet, de nombreux parents expriment le désir de les inscrire, malheureusement, le club sportif le plus proche n’est pas toujours adapté, souvent dépourvu des infrastructures nécessaires pour accueillir une personne en situation de handicap. « À plusieurs reprises, Sayuri a fait des essais, et dès qu’une difficulté survenait, on nous disait que ce n’était pas possible de la prendre. Toutefois, il est important de comprendre que si eux, sont dans l’impossibilité de l’accueillir, d’autres structures, elles, permettent l’accès au sport à tous », explique le papa Brice.
Même pas peur !
Le sport représente bien plus qu’une simple activité physique pour de nombreux enfants. Il constitue un vecteur essentiel de lien social, favorisant les rencontres et le partage d’expériences. Sayuri en a fait l’heureuse découverte en se dirigeant vers une communauté où elle se sentait enfin comprise et intégrée, « à l’école on peut nous mettre de côté, alors qu’ici on ne nous regarde pas par handicap, il y a de l’entraide ». Dimitri, père d’Enzo, voit dans la pratique sportive de son fils, un bocciste venant tout droit des Hauts-de-France, une opportunité énorme « de partager des moments avec lui, de le soutenir dans ses compétitions ; je découvre moi-même des choses que je ne connaissais pas ». Les témoignages inspirants de Séverine, Soazic, Virgnie, Dimitri et Brice convergent vers un message fort : ne pas fixer de limites à nos enfants. Séverine conseille de « Faire confiance à vos enfants et d’encourager leurs passions », tandis que Soazic souligne l’importance cruciale du sport en affirmant que « de nombreux clubs offrent désormais des options adaptées à tous ». Dimitri insiste sur le fait « de ne pas restreindre les choix sportifs des enfants », prônant l’exploration de diverses disciplines. Pour les parents comme Brice, le défi réside souvent dans la recherche d’un équilibre entre dévouement parental et temps pour soi. « Souvent, le défi pour les parents est de trouver du temps pour eux-mêmes. Nous sommes constamment aux côtés de nos enfants handicapés, ce qui rend difficile le lâcher-prise ».
Lorsqu’on pose subtilement la question du moment le plus précieux pour ces parents, tous s’accordent à dire qu’il réside dans la première médaille remportée par leurs enfants, symbole d’accomplissement et de la relation forte qui les unit. Il n’existe donc pas de guide pour être un parent parfait, seulement la nécessité d’être attentif aux besoins et aux désirs de son enfant. Comme l’a si bien exprimé Jérémy, ce soutien indéfectible leur donnera l’envie d’aller « toujours plus haut et toujours plus fort ».
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