« Je suis fier de ce qu’on a accompli. » Quand Raphaël Mendes évoque son titre de champion d’Europe de football sourds, obtenu en 2007, l’émotion le gagne à nouveau. « On avait un bon niveau par rapport aux entendants en général. On a voulu prouver qu’on était capable, on s’est mis d’accord pour réussir cet objectif, on voulait devenir champions d’Europe », se souvient le footballeur. Une performance qui n’a rien d’anecdotique, puisque c’était la toute première fois que l’équipe de France terminait sur le toit de l’Europe, résultat toujours inégalé treize ans plus tard.
Raphaël Mendes, devenu sourd à l’âge de cinq ans, a grandi dans une famille de footballeurs, tous entendants. « Je m’ennuyais terriblement, je ne pouvais communiquer avec personne. Alors j’ai intégré une équipe de foot comme gardien de but », relate le champion d’Europe. Mais le rôle de gardien ne lui plaît pas, il commence alors à jouer sur le terrain. « À l’école, j’ai rencontré d’autres personnes sourdes et j’ai découvert les clubs de foot pour sourds », jusqu’à intégrer le Club Sportif des Sourds Muets de Paris.
L’équipe prend de l’assurance, monte en intensité. Raphaël Mendes participe aux Championnats de France, à la coupe de France, remporte plusieurs médailles. Il se fait alors repérer par l’équipe de France, et participe aux championnats d’Europe, en 2007.
Pour autant, Raphaël Mendes ne devient jamais professionnel. « Je travaillais à La Poste. Aux championnats d’Europe, j’ai rencontré des personnes qui m’ont ouvert de nouvelles portes. » Il décide alors de travailler pour l’accessibilité des personnes sourdes dans les entreprises. « Quand on est sourd, la vie est faite d’impasse, moi c’est le sport qui m’a ouvert toutes ces portes », avance-t-il.
Toujours footballeur en loisir, il est également directeur de développement chez Sourdline, « une entreprise qui rend un service client aux grandes marques pour les personnes sourdes ». En parallèle, il participe à différentes émissions de télévision pour sensibiliser à la surdité.
« J’adore le foot, beaucoup de personnes sourdes en sont passionnées, mais les émissions de télé ne sont pas accessibles aux sourds », justifie-t-il pour parler de son expérience à CNews. Pendant plusieurs semaines, il a participé à une émission sportive pour parler de foot en langue des signes. « Mais on a dû arrêter car ça coûtait très cher en interprète pour mon entreprise », se désole-t-il.
Sa dernière expérience en date : sa participation à Ninja Warrior sur TF1. « C’est très compliqué pour les sourds de participer. J’ai été repéré dans une salle d’escalade avec mon fils. Mes enfants croyaient que j’allais être super fort, mais je n’étais pas très bon. Au moins, j’ai pu montrer que les personnes sourdes peuvent faire des émissions comme ça », se réjouit le père de famille.
Au final, il garde de bons souvenirs de ces expériences, mais il n’est « pas à l’aise pour se mettre en avant ». « Je veux bien montrer que c’est possible, mais je préfère que d’autres personnes y aillent. Mon boulot, c’est de proposer des solutions techniques et humaines, mais je ne suis ni journaliste ni chroniqueur », conclut-il, assumant son rôle de militant.
Rédaction : S. Chauvet
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