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Rencontre avec Claude Jayet

24 février 2021
Une fois par mois, nous partons à la rencontre de ces personnes qui donnent de leur temps pour la FFHandisport et qui s’investissent chaque jour pour faire bouger les lignes, que ce soit dans un club ou un comité. Pour le portrait du mois de février, c’est Claude Jayet, ancien sportif de haut niveau de basket fauteuil et d’athlétisme et président d’un club handisport, qui a répondu à nos questions sur son engagement au sein du mouvement handisport.

Quel est votre rôle actuel au sein de la FFHandisport ?

Claude Jayet : Je fais actuellement partie du Comité Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur. Je suis président du club Handisport Coeur des Maures que j’ai crée dans la ville du Luc en Provence. C’est un club dédié au handicap et qui a été lancé pour participer aux rencontres de boccia, de sarbacane et autres rencontres multisports. 

Qu’est-ce que votre fonction vous apporte sur le plan personnel ?

Claude Jayet

C.J. : C’est pour moi plutôt un engagement dans le but de montrer, à travers le mouvement handisport, qu’une personne en situation de handicap peut pratiquer une activité physique et sportive, encore plus depuis que je travaille auprès de personnes lourdement handicapées. Le mouvement apporte un vrai soutien et il y a une vraie philosophie derrière.

Sur l’aspect personnel, il m’a permis de me réaliser et d’exister un peu plus. Avec mon handicap (la polio), le seul sport où j’avais pu m’intégrer était le volley-ball et c’est grâce à handisport que j’ai développé ma passion à travers d’autres sports !

Êtes-vous passionné par le sport ?

C.J. : Très ! Je fais du sport depuis que je suis petit. Avant même de rentrer dans le mouvement, j’habitais dans le Vercors et je jouais au foot en loisir. Mon rêve était de faire du hockey sur glace.

Lorsque je suis arrivé à Avignon, un club multisport s’est créé et j’ai eu l’occasion de découvrir le tennis de table, la natation et le basket fauteuil. C’est à partir de ce moment que j’ai accroché à la pratique du basket fauteuil en 1976 !

J’ai joué en première division et en coupe d’Europe avec le club de Hyères de basket fauteuil, puis avec le Canet. En parallèle j’ai aussi fait de l’athlétisme (poids, disque, javelot). C’est grâce à cela que j’ai pu participer aux Jeux Paralympiques de Séoul.

On peut dire que je suis un vrai passionné oui !

Un événement passé vous a-t-il marqué ?

C.J. : J’ai envie de citer les Jeux de Séoul (1988) où j’étais athlète handisport ! Auparavant, j’avais participé à des rencontres internationales (championnat du Monde et d’Europe) lors de mes premières sélections, mais en Corée du Sud, c’était un événement grandeur nature. Ces Jeux ont été la première édition où les complexes sportifs des valides et des handisport étaient similaires. C’est surtout l’ambiance que je retiens, le public, l’intensité, c’était quelque chose d’unique et un événement plus que marquant !

Pouvez-vous nous raconter votre entrée dans le mouvement ?

C.J. : J’étais sur Draguignan et quelqu’un de ma famille, coiffeuse de métier, s’occupait d’une personne qui avait le même handicap que moi et qui connaissait le mouvement. On a parlé et je me suis vite dis, pourquoi pas ! Dans le club au départ, il y avait beaucoup de sport debout (athlétisme, tennis de table) et au bout de quelques mois, un tournoi de basket fauteuil a été organisé et la discipline m’a de suite plu. Ma première licence date de la saison 76/77, j’avais alors 16 ans !

Quel est votre parcours professionnel ?

C.J. : J’ai eu une formation scolaire de technicien (BTS mécanique) et à la fin de mes études, par l’intermédiaire du club de Draguignan, je suis rentré au service des sports de la mairie. Par la suite, j’ai passé le brevet d’État handisport. En tant que moniteur sportif à la mairie, je me suis occupé des deux clubs handisport (un club faisait du tir aux armes et dont j’ai passé une formation pour la discipline, et l’autre qui proposait du basket). Détaché sur plusieurs clubs, je me suis également occupé de valides sur des sports comme le rugby ou le volley.

En 1981, avec un collègue, j’ai participé à la création du Comité Régional Côte d’Azur. Six ans après, je suis allé dans un club de la ville de Hyères et j’ai travaillé à l’AVEFETH Espérance Var (au service des personnes handicapées de naissance) qui est un foyer d’adultes handicapés. Cela fait désormais plus de 30 ans que j’y suis. Je travaillais en même temps à l’hôpital Renée Sabran (au service des personnes accidentées de la route). J’avais pour rôle de faire découvrir le handisport au public que j’entourais et de le mettre en contact avec des clubs. J’essayais de leur montrer que malgré le handicap, il y avait encore pleins de chose à faire !

Comment nourrir la motivation au quotidien ?

C.J. : En tant que sportif, c’est la participation aux compétitions qui permet d’avoir un vrai projet, de continuer à vivre des émotions et de les partager en équipe. 

En tant que président de club handisport et éducateur sportif (dans un club non fédéré) qui accompagne et prépare des personnes aux compétitions, c’est aussi un prolongement de ce qu’on vit personnellement en tant qu’athlète. Permettre à d’autres de vivre ces émotions est très fort et surtout, à travers le travail et la préparation dans le cadre des entraînements, réussir à transmettre le plus de plaisir possible !

À vos yeux, quelle est votre plus grande réussite ?

C.J. : D’avoir permis à des personnes lourdement handicapées d’exister dans le sport. Quand je suis entré dans le mouvement handisport, je sentais qu’il y avait quelque chose à faire envers ce public. À travers l’association et le fait de faire participer les résidents à des rencontres sportives ou diverses démonstrations, cela a permis d’augmenter l’accès à certaines pratiques et de manière plus générale, de changer le regard sur le handicap. 

Je ne sais pas si c’est une réussite mais en tout cas, c’est une fierté personnelle d’avoir réussi à mettre tout cela en place !

Est-ce qu’une personne en particulier vous a marqué ?

C.J. : Il y a eu beaucoup de monde ! Monsieur Fossel par exemple (ancien président du club de Draguignan), qui m’a fait rentrer dans le mouvement handisport. Rudi Van den Abbeele aussi, qui faisait du basket et qui m’a accompagné sur l’athlétisme en équipe de France. Je pense à Sophie Ternel qui par sa formation, m’a permis de réfléchir et de voir les choses autrement. 

C’est la force du mouvement, de créer de la synergie entre les membres déjà présents et les petits nouveaux qui y entrent !

Une phrase pour convaincre quelqu’un de se lancer dans le mouvement ?

C.J. : Viens la vie continue, on va s’amuser !

Rédaction : S. Grandol


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