Sylvain Noël a pris son temps. Et assuré ses arrières. En Suède, du 16 au 21 septembre, le joueur de AMO Mer, passé par Chailles, va vivre ses premiers championnats d’Europe. À 34 ans. « Si au début de l’année 2018, on m’avait dit que j’y serai… Mais au fil des mois et des résultats accumulés lors des sorties internationales, j’ai fini par y croire. » En juillet 2019, lorsque la sélection tombe, Sylvain Noël ressent un mélange de « satisfaction et de soulagement ». La récompense d’un travail important et de choix forts pour mettre en place un planning exigeant. « Je me suis aussi dit qu’il allait falloir travailler encore plus dur. Cette sélection n’est surtout pas une fin en soi. »
Diplômé d’un Master de Géomatique qu’il a tenu à valider avant de débuter handisport en 2009, l’actuel n° 22 mondial classe 3 concilie son programme d’entraînement avec son emploi à la Communauté d’agglomération et la ville de Blois. « En 2017, j’ai choisi de rejoindre le club de Blois en valide et de signer à AMO Mer en handisport. Je m’entraîne ainsi quatre fois par semaine. »
Et de vraiment se lancer dans une carrière de haut niveau. Un retour aux sources … Sylvain Noël a découvert le tennis de table à l’âge de 8 ans, à Salbris. Il y a joué en valide jusqu’à ses 15 ans et cet accident de mobylette qui le cloua dans un fauteuil (paraplégie). « J’ai alors arrêté le ping pendant cinq ans jusqu’à ma 2e année de fac. Je n’avais jamais joué en fauteuil mais je n’ai pas eu l’impression que cela changeait tant que ça. Pour moi, c’était presque le même sport, j’avais dû m’habituer à ma vision assise. »
La progression est rapide. Repêché aux championnats de France 2011, il dispute ensuite l’Open international de Nantes en 2012. Mais une tendinite chronique du poignet prive de ping cet amateur de jeux vidéo et de jeux de société entra amis deux années durant, à compter de novembre 2013. « Je n’ai joué qu’en janvier 2015 et repris une licence handisport en septembre 2015. »
Progressivement, il remonte les échelons, décroche la médaille d’argent aux championnats de France dans sa catégorie de handicap et tape dans l’œil de Stéphane Lelong, le directeur sportif de la discipline à la FFH. Son profil, sa classe de handicap et son passé de joueur sont des atouts. L’idée de relancer un Team classe 3 fait son chemin. Au fil des progrès de Stéphane Gil-Martins et Sylvain Noël, elle prend de l’épaisseur.
Très solide et auteur de belles perfs lors de ces deux dernières saisons, Sylvain Noël, habile en placement de balle et plus à l’aise en revers, a pris le dessus sur ses adversaires directs. Si l’Allemand Schmidberger le prive souvent de récompenses plus marquantes hors de l’Hexagone, il accroche des joueurs « top 10 et 15 mondial » à son tableau de chasse. Des perfs qui lui permettent d’être n° 12 européen avant cet Euro suédois où il espère se hisser en quarts de finale. « En individuel, il me faudra un tirage un peu favorable mais c’est jouable. Une fois en quarts, on verra contre qui je tombe. Par équipe, nous avons encore des choses à affiner en double avec Florian Merrien mais nous visons le podium. »
Un dernier stage devrait leur permettre de peaufiner leurs réglages et lui permettre de poursuivre son travail. « J’aimerai être capable de prendre un peu plus l’initiative. »
Rédaction : J. Soyer