Que va changer et/ou apporter la cellule haute-performance ?
Norbert Krantz : Le but de la cellule haute-performance est de se concentrer de façon très forte sur les sportifs en mesure de décrocher l’or paralympique et un podium.
La devise : plus vite, plus fort, de façon plus précise et plus opérationnelle.
Le but étant de moderniser toujours davantage cette approche afin de pouvoir optimiser les investissements financiers et autres avantages concédés par la fédération et l’Agence Nationale du Sport, pour accompagner les sportifs du plus haut niveau. Notre souhait est de déployer l’ensemble des aides disponibles depuis les staffs des équipes de France jusqu’à la cellule de base du sportif.
La Fédération Française Handisport a initié dans le cadre du PES 2013/2016 des approches nouvelles pour la préparation des Jeux Paralympiques de Rio et de PyeongChang avec des athlètes et des accompagnements « cibles ». Il s’agit d’aller encore plus loin en capitalisant sur ces expériences.
La structuration opérationnelle que nous avons mise en place, autour et à partir du référent technique haut niveau disciplinaire et de son équipe, vise désormais à accompagner au plus près de la réalité, la cellule de base du sportif. Nous voulons être proches de ce qui se passe au quotidien. Notre objectif consiste à n’avoir aucun regret quant à la démarche d’accompagnement et de suivi des acteurs de la performance, depuis le début du processus jusqu’à la fin. Notre but s’inscrit dans une démarche de facilitation, afin de permettre aux sportifs d’atteindre leurs rêves. L’obtention de médailles est une fin en soi, mais ce que nous recherchons également, c’est la modification profonde des connaissances et compétences associées aux pratiques de très haut niveau.
Il s’agit donc de partir du sportif pour remonter vers les référents FFH idoines ?
N. K : Imaginons une cible avec un triptyque. Il y a le sportif avec son projet de performance, de vie et son entraîneur au quotidien. Puis, autour de lui, il y a l’ensemble des accompagnateurs du projet. Localement, on va retrouver l’ensemble des ressources expertes nécessaires à la réalisation de la performance dans des domaines variés (les préparateurs physique, mental, une personne en charge de la nutrition…) Ensuite il y a les référents techniques haut niveau disciplinaire. Cette personne de la FFH est chargée de challenger, de manager et de prendre des informations sur la bonne marche du processus du sportif en quête de médailles. Elle analyse et fait remonter les besoins en collaboration étroite avec les acteurs de terrain. Elle fait le lien avec le manager de la cellule haute performance.
Ce référent technique est donc la troisième partie du triptyque. Il fait la jonction et assure la transmission des informations et des besoins. Enfin, il y a tous les services de la FFH de types généraux, comme la recherche, la communication, le médical, la classification… L’idée de cette cellule haute performance est de remettre « l’église au centre du village ». C’est-à-dire le sportif lui-même. Il est notre référence, celui pour lequel nous devons harmoniser l’ensemble de nos efforts.
Quels sont sportifs concernés ?
N.K : Les sportifs sont identifiés en fonction de leurs capacités, de leurs potentiels à acquérir une médaille d’or et/ou une médaille. Il y a les probables et les possibles. Ils sont environ 80 dont trois sports collectifs (cécifoot, rugby fauteuil, la team boccia BC3 et l’équipe d’épée qui compte trois sportifs). Une soixantaine vont bénéficier d’un « suivi ++ » et 19 environ vont avoir un 2e niveau de prestations appelé « suivi + » (ils peuvent être considérés comme des outsiders). Et il y a « les forts potentiels jeunes» qui sont entre 5 et 8. Il s’agit de ceux que l’on devrait retrouver bien placés à Paris.
Comment s’est organisée la mise en place de la cellule haute performance à la FFH ?
N. K : Le but de cette cellule est de proposer de la haute couture. Elle s’adresse à des microcosmes particuliers : des sportifs de haut niveau ayant chacun leurs propres caractéristiques et des environnements singuliers. On ne vient pas avec un panel de solutions imaginées de l’extérieur, mais avec l’objectif de répondre à des besoins et à des problématiques spécifiques, qui peuvent aller jusqu’à prendre en charge la formation continue des entraîneurs ou à considérer l’avenir professionnel des sportifs.
La pratique élitiste ne doit pas être perçue comme une entaille au principe d’intégration qui constitue le fil directeur de la FFH. Le sport de haut niveau contribue à sa façon à la reconnaissance des sportifs en situation de handicap, comme des sportifs de haut niveau, obéissant aux mêmes règles que celles qui régissent le sport de haut niveau valide. Nous avons vis-à-vis d’eux une même considération : admirant leur talent mais exigeant d’eux, le meilleur. Il leur revient d’assumer leur métier de sportif de haut niveau et il nous revient le devoir de les accompagner au mieux.
Nous avons été soutenus, Christian Fémy et moi, dans notre volonté de pouvoir bénéficier d’une certaine autonomie de fonctionnement, afin de pouvoir accélérer un certain nombre de dossiers. On a les coudées franches. Ce n’était pas évident parce que ça pouvait faire électron libre à l’intérieur d’un système, mais les élus et les la présidente ont bien compris l’importance des challenges. Ils savent que nous œuvrons tous pour le bien de Handisport. Même si l’ambition de la FFH reste concentrée sur l’accès aux pratiques, tout le monde a bien compris que les jeux constitueront une énorme vitrine et peut être un tremplin pour l’avenir du mouvement. Il y a de très forts enjeux derrière tout cela. Néanmoins, tous les dossiers traités par la cellule sont visés et contrôlés par la Direction Technique Nationale (DTN). Pierrick Giraudeau, Attaché Performance et Haute-Performance auprès du DTN fait la jonction entre le DTN et nous.
Le mouvement a-t-il les personnes ressources suffisantes en nombre et suffisamment former pour répondre à cette exigence ?
N.K : Il y a une montée en puissance des entraîneurs. Le groupe a évolué en connaissances et en compétences. Il y a un effet d’entraînement lié à une acculturation de plus en plus forte aux problématiques du sport de haut niveau. L’autonomie dont nous allons bénéficier va nous permettre de pouvoir gagner du temps dans le domaine des décisions et des actions à entreprendre. La cellule haute performance sera également un interlocuteur privilégié de l’ANS pour la mobilisation des ressources nécessaires à la montée en puissance de nos sportifs.
Concrètement, on observe l’arrivée de nombreux techniciens issus aussi du monde valide, sous réserve qu’ils s’acculturent aux problématiques du handicap. Ils nous apportent une vision du haut niveau où il existe une plus forte concurrence internationale. Ils avancent en totale collaboration avec des entraîneurs fourbis au monde handisport et paralympique. Cela permet de faire matcher les connaissances des spécificités liées au handicap et une approche différente de la haute performance.
En quoi il était important d’être l’une des toutes premières fédérations à lancer sa cellule haute performance ?
N. K : On avait peut-être accusé une forme de retard ou failli en terme de communication. On était plutôt dans le peloton des suiveurs. On a démontré que l’on pouvait être dans le peloton des avant-gardistes. C’est important parce qu’on a gagné en considération et en lisibilité. Et on répond au défi de se structurer pour du très haut niveau que1 nous nous sommes fixés avec le soutien de l’ANS qui nous épaule avec conviction.
Propos recueillis par J. Soyer
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