La France du paracyclisme était réunie au vélodrome de Roubaix, samedi 25 et dimanche 26 février 2024. Les coureurs de l’équipe de France qui sortaient d’un stage dans l’optique des championnats du monde sur piste de Rio, ont tenu leur rang. « Après un bon stage au cours duquel il y a eu de bonnes charges de travail, j’avais prévenu les coureurs de l’équipe de France d’une fatigue certaine pour ce championnat de France, pose Mathieu Jeanne, l’entraîneur national. Les temps ont donc été conformes à nos attentes. Toutefois, Florian Chapeau a encore bien progressé. » Encourageant avant le rendez-vous brésilien prévu du 20 au 24 mars.
Louis Hubert, Sandra Chaleteix, des jeunes qui montent
Pour le reste pas de surprise. Les spectateurs, venus en nombre samedi et dimanche, ont assisté à de belles courses entre les internationaux tricolores. En C2, celles entre Alexandre Léauté et Florian Chapeau ont valu le détour. En C4, il y a du suspense pour départager Kévin Le Cunff et Gatien Le Rousseau… Sans être exhaustif, on retient aussi les belles luttes entre Marie Patouillet et Heidi Gaugain en classe 5 féminine. « Le championnat a manqué un peu de densité mais il y a un tel écart de niveau entre l’équipe de France et le reste des coureurs nationaux que cela ne change pas grand-chose », reconnaît Mathieu Jeanne.
Ce dernier retient les promesses de Louis Hubert, junior de 17 ans. Présent lors des stages Jeunes à potentiel national, à Bourges, depuis trois ans, il a signé quelques jolies courses en poursuite C4. « Il vient d’intégrer Cofidis. On espère qu’il va continuer de progresser et franchir un cap. C’est bien d’avoir un jeune de ce profil », apprécie Mathieu Jeanne. Les performances de Sandra Chaleteix sont aussi de bon augure.
Si l’équipe de France de paracyclisme est actuellement au sommet de son art ou presque, collectionnant les titres et les places sur les podiums des Jeux, comme des championnats du monde et d’Europe, la relève reste un vrai enjeu. A Roubaix, il était donc pertinent de suivre l’évolution de jeunes comme Lucas Canuel et Hyacinthe Aubéry en MC1.
Le coureur master Thierry Maupin, bénévole passionné, a pris le dossier à bras le corps. Depuis le retrait de Pascal Debien, il est épaulé par Elodie Espiau, salariée de la FFH. « Ce secteur est très vaste et énergivore, situe Thierry Maupin, également chargé de l’organisation des championnats de France sur piste, sur route et e-cycling. Maintenir ces trois rendez-vous, au sein desquels on peut intégrer des jeunes, est primordial. »
Trois axes prioritaires de ciblés
Le monsieur développement de la discipline a ciblé trois axes prioritaires. Le premier consiste à développer des partenariats et à renforcer ceux existant. « Avec la Fédération Française de Cyclisme, avec celle de cyclotourisme qui propose une offre plus familiale avec des parcours allant de 10 à 100 km ou plus, développe Thierry Maupin. Il faut aussi se rapprocher des comités territoriaux handisport, les aider à faire connaître notre discipline et à la proposer, prenant bien soin de mentionner qu’il n’y a pas que la compétition. » Cela passe par la mise à disposition de matériel adapté afin de permettre une découverte totalement sécurisée.
Il convient aussi de trouver des fabricants à-même de répondre aux singularités des coureurs en situation de handicap (chaussures en carbone sur mesure, tricycles…). « Mettre en relation ceux qui ont besoin et ceux qui font n’est pas si évident que cela », précise Thierry Maupin. La formation d’entraîneurs dans les clubs pour apporter un bon accueil aux personnes intéressées est un autre facteur majeur quand on parle de développement. Celle de classificateurs pour des pré-classifications de proximité serait aussi un plus. Accentuer la présence de la discipline sur les réseaux sociaux et apporter une offre de compétition, tels les Jeux de l’Avenir, aux plus jeunes constituent d’autres moyens de grossir les rangs.
Enfin, le e-cycling est un phénomène à encourager. « Il permet de contourner les freins financiers. « Si on n’est pas en équipe de France, trouver des partenaires est très difficile, explique Thierry Maupin. En e-cycling, nous sommes tous devant notre télé, on peut participer à une dizaine d’épreuves par an avec un vélo connecté. »
1 600 licenciés, 250 clubs
Sans être exhaustive, voici des pistes de développement du paracyclisme. Un sport de la Fédération Française Handisport qui regroupe 1 600 licenciés répartis, dans 250 clubs environ.
Un sport qui porte haut les couleurs de la France sur la scène internationale. Un sport qui s’appuie sur un collectif dynamique et encore assez jeune.« 80 % des coureurs actuels vont poursuivre après Paris. Mais comme après chaque Jeux, qui plus est à domicile, quelques leaders vont s’arrêter », souligne le bras droit de Laurent Thirionet, manager de la performance du cyclisme handisport pour la Fédération Française Handisport. On pense à Marie Patouillet. Cela pourrait aussi concerner Kévin Le Cunff ou les pilotes de Raphaël Beaugillet et d’Alexandre Lloveras. La première est déjà talonnée par Heidi Gaugain. Gatien Lerousseau avance tel un concurrent sérieux pour Kévin Le Cunff.
La France a encore quelques belles années devant elle. Mais plus le vivier est conséquent, plus la continuité est assurée.
Les podiums des championnats de France sur piste 2024.
Poursuite 3 KM.
Homme C1 : 1. Lucas Canuel (Teyran Bike), 2. Hyacinthe Aubéry (ES Seynod). Homme C2 : 1. Alexandre Léauté (VCP Loudéac), 2. Florian Chapeau (Sport Dif 73). Homme C3 : 1. Thomas Peyroton (Dunkerque Littoral cyclisme), 2. Allan Le Richeux (VC Pont Audemer), 3. Tanguy Le Menn (AVG Cyclisme).
Femmes C4 : 1. Sandra Chaleteix (Urt Vélo 64), 2. Katell Alençon (Cofidis), 3. Marion Paumier (CC Castelbriantais). Femmes C5 : Heidi Gaugain (Urt Vélo 64), 2. Marie Patouillet (Créteil). Femmes C2 : 1. Christelle Ribault (AVG Cyclisme). Femmes tandem : 1. Anne-Sophie Centis.Elise Delzenne (Dunkerque Littoral Cyclisme).
Poursuite 4 KM.
Hommes C4 : 1. Kévin Le Cunff (Dunkerque LC), 2. Gatien Le Rousseau (Cofidis), 3. Louis Hubert (Cofidis). Homme C5 : 1. Jérôme Beaumont (COC Fougerais), 2. Dorian Foulon (Urt Vélo 64). Tandem hommes : 1. Alexandre Lloveras/Yoann Paillot (Tandem Club Rhodanien), 2. Raphaël Beaugillet/Quentin Caleyron (AS Handicapés blésois).
Omnium
Hommes C5 : 1. Jérôme Beaumont, Dorian Foulon forfait. Hommes C4 : 1. Gatien Le Rousseau, 2. Louis Hubert, 3. Dimitri Sas (VCS SQY Team Voussert). Hommes C3 : 1. Thomas Peyroton, 2. Allan Le Richeux, Tanguy Le Menn. Hommes C2 : 1. Alexandre Léauté, 2. Florian Chapeau. Hommes C1 : Lucas Canuel, 2. Hyacinthe Aubéry. Hommes MS : Clément Allegranti (VC Cluses), 2. Louis Gobet (Bourg en Bresse), 3. Paul Nivol (EC Saint-Vigor). Homme MNE : 1. Cédric Travers (VCS). Homme masters : 1. Jean-François Lorent (Seynod), 2. Christophe Bompas (Laval), 3. Thierry Maupin (Seynod).
Femmes C2 : 1. Christelle Ribault. Femmes C4 : Katell Alençon, 2. Sandra Chateleix, 3. Marion Paumier. Femmes C5 : 1. Heidi Gaugain, 2. Marie Patouillet. Femmes S : 1. Camille Pietrosante (CC Etuples).
Omnium tandem
Homme : 1. Raphaël Beaugillet/Quentin Caleyron, 2. Alexandre Lloveras/Yoann Paillot.
Femmes : 1. 1. Anne-Sophie Centis / Elise Delzenne.
REPORTAGE PHOTOS © Florent Pervillé