Entretien avec Julien Hericourt, Directeur Sportif de la commission athlétisme depuis 2008.
Comment voyez-vous l’évolution de l’athlétisme handisport dans les deux prochaines années ?
Nous devons offrir une pratique plus élargie de notre sport notamment en mettant au cœur du système les régions par le biais de l’animation territoriale. Il est important de toucher les jeunes là où ils habitent. C’est pour cette raison que le Challenge National des -16ans va voir le jour dès 2015. Nous allons organiser des phases de qualification régionales sous forme de triathlon (course, saut, lancer). Le simple fait de participer à ce challenge en régions permettra de participer à la finale qui se déroulera à Paris au stade Charlety, au mois de juin, en même temps que les championnats de France Elite.
La base avec le haut-niveau en somme ?
Disons que ce format de compétition permettra de réunir toute la famille de l’athlé handisport. Les jeunes, l’élite, et tous les compétiteurs sans notion de minima. J’ajoute que les étrangers seront autorisés à participer à ces France qui deviendront ainsi Open.
Ce sont des idées novatrices qui peuvent interpellées mais que vous assumez ?
Totalement ! Depuis six ans que je suis directeur sportif, je n’ai jamais été seul dans la réflexion et j’ai toujours voulu échanger mais je sais où je veux aller et où je veux amener tous les acteurs de l’athlétisme handisport. Depuis toutes ces années, la commission s’est intéressée à tout en donnant le meilleur d’elle-même. On n’a peut-être pas été bon partout mais on a été là, sur le terrain, à l’écoute. Maintenant sur les nouveaux projets nous devons être plus performants et avancer plus vite, j’ai envie de motiver tout le monde dans ce sens. C’est pourquoi ce projet de Challenge National et de France Open me tiennent à cœur. C’est le moyen de s’intéresser à ce qui se passe localement, d’amener encore plus de jeunes à découvrir la pratique, et de voir ce qui se passe ailleurs avec la venue d’athlètes étrangers.
Les Mondiaux au Qatar en 2015 et les Jeux Paralympiques de Rio en 2016 sont les prochaines grands rendez-vous, quels vont être les objectifs de l’équipe de France ?
Nous irons à Doha en octobre de l’année prochaine avant tout pour aller chercher des quotas pour les jeux de Rio. Plus nous serons performants au Qatar, plus il y aura de la place potentielle en équipe de France pour 2016. Je souhaite que nous ramenions quatre médailles d’or aux Jeux, comme à Londres en 2012. Rien ne sera simple bien entendu mais je pense qu’avec les athlètes internationaux que nous avons actuellement et la génération montante, c’est envisageable.
Vous avez déjà une idée de la préparation de l’équipe de France en amont des mondiaux 2015 ?
Je pense qu’il y aura un stage hivernal et un autre au mois d’août. La préparation terminale en septembre se déroulera dans les clubs. Il est important de proposer des regroupements pour proposer un suivi médical, des conditions d’entraînements optimisées et aussi continuer à souder le collectif. Cela a un coût, mais avec notre nouveau partenaire Malakoff Médéric, je pense que nous pouvons être ambitieux sur les conditions de ces stages. Enfin, le retour dans les clubs avant le départ pour Doha doit permettre de retrouver la sérénité de son lieu d’entraînement habituel, de peaufiner les détails avec les coachs qui font un très bon travail sur le terrain.
Vous vous projetez sur 2016-2020 ?
Je projette l’athlétisme handisport oui ! Les régions et les départements, avec un suivi et un accompagnement de la commission, doivent pouvoir être autonomes au final. Le Pôle athlétisme, déjà existant à Lyon, doit être une vraie plate-forme pour les jeunes, leur donner le goût de la culture athlé et les mener vers le haut-niveau, tout en leur donnant les moyens d’une formation et d’un suivi scolaire. On doit également redynamiser la pratique en fauteuil avec des regroupements, du matériel, et une saison cohérente entre la route et la piste. L’athlé loisir doit également être au cœur de nos préoccupations. Pourquoi pas des centres d’entraînement l’été où l’on passerait des vacances sportives ?
Enfin, je souhaite que l’équipe de France retrouve le Top 10 des nations entre 2016 et 2020. Pour cela il faut dégager les moyens humains et financiers nécessaires. Certains dispositifs comme le parcours d’excellence sportive sont mobilisables. Nos partenaires peuvent également nous aider dans ce sens.
Vaste programme !
Vaste programme c’est évident mais pas impossible ! J’y crois et je crois également à l’ensemble des acteurs de l’athlétisme handisport, dont bien entendu les membres de la commission, pour s’engager dans cette voie.
Propos recueillis par Renaud Goude