Signalement de violence
A+A-

La France conserve sa place sur le toit du monde avec brio

25 octobre 2023

Confirmer est toujours le plus difficile. Six ans après le sacre mondial obtenu à Kissimmee, en Floride (États-Unis), l’équipe de France a récidivé, à l’Olympic Park de Sydney, théâtre des Jeux olympiques et paralympiques en 2000. Les champions du monde en titre ont doublé la mise, vendredi 20 octobre 2023 en venant à bout de l’Angleterre, aux tirs au buts lors d’une finale globalement maîtrisée (1-1, 2-1 t.a.b). La France a assorti ce deuxième titre consécutif d’un sans-faute (onze victoires en autant de matches). Chapeau bas aux Tricolores de David Vergé. L’entraîneur national dresse un bilan de cette coupe du monde qui avait commencé le 15 octobre.

La France a obtenu sa deuxième étoile consécutive en Australie, un pays où le handisport a toute sa place. « C’était impressionnant, il n’était pas rare de voir du foot-fauteuil retransmis sur les chaînes nationales, de voir des actions des matches du jour dans les flashes télévisés », partage David Vergé, l’entraîneur des Bleus. Dans une salle souvent bien garnie, « de spectateurs qui connaissaient notre sport et les joueurs », apprécie-t-il,les Tricolores ont d’abord dominé sans coup férir la concurrence pour prendre la première place de cette poule de dix nations qui se sont toutes affrontées. Ils ont ensuite fait parler leur maîtrise pour éliminer l’Argentine en demi-finale et prendre leur revanche contre l’Angleterre qui les avait privé du sacre européen.

David Vergé, parlez-nous des émotions ressenties quand Mohamed Ghelami stoppe le tir au but anglais décisif, synonyme de titre mondial ?

C’est un soulagement parce que tout avait été préparé en amont, même cette séance de tirs au but. Il y a aussi beaucoup de fierté et de bonheur pour les joueurs. Nous nous sommes jetés sur eux, ils ont fait le boulot.

Pourtant, ils avaient la pression d’un titre à défendre à assumer. Et on sait que confirmer est toujours le plus difficile ?

En effet. En plus, nous sortions d’un Euro que nous avions perdu en finale, aux tirs au but, contre ces même Anglais. Nous avons gommé tout ça de nos têtes pour bien préparer ces prolongations et cette épreuve.

Qu’est-ce qui a fait la différence sur l’ensemble de la compétition et plus spécifiquement en finale ?

Avec le staff, nous avons mis l’accent sur la notion de groupe. J’en ai dirigé plusieurs mais je n’ai jamais connu un groupe aussi fort et soudé, qui dégageait une telle impression de puissance. Outre cette force collective, qui prédomine, il y a aussi le talent de certains joueurs qui ont un niveau extraordinaire.

«  Dans ce groupe, il y avait tout »

 

Comment avez-vous réussi à créer cette osmose entre les champions du monde en titre et ceux qui découvraient l’univers d’une Coupe du monde ?

Les anciens affichaient une soif de victoire sans pareil. Ils voulaient vraiment aller chercher cette deuxième étoile. Ils ont bien compris qu’il fallait associer à ce projet tous les nouveaux. Ceux-ci ont apporté fraîcheur et fougue. Il y avait, dans cette équipe, un parfait mélange de jeunesse, d’expérience et de fougue, de talent et de maîtrise. Il y avait tout, en fait.

Un savant mélange qui vous permet d’assortir ce titre mondial d’un sans-faute (onze victoires en autant de matches)…

Oui, nous avons su répondre à tous les scenarii auxquels nous avons dû faire face. Ce sans faute est en effet relativement impressionnant, sur le papier et à la fin… Mais il nous oblige aussi à rester très vigilants parce que la compétition a été très longue. Onze matches dans une Coupe du monde, c’est particulièrement rare. Tous les matins, nous avons dû, avec le staff, remotiver, redonner les enjeux, ceux de la journée, l’objectif final. Nous avons préparé ce titre marche par marche. En ce sens, ce fut une victoire construite.

Dans ce marathon de phase de poule (neuf matches), avez-vous un match référence à ressortir ?

Oui, il y a les succès contre les États-Unis (3-1) et contre l’Angleterre (3-0). Nous avions coché ces deux rencontres. Mais je retiens l’importance de celui contre le Danemark, gagné 4-1. Il est venu juste après notre victoire contre l’Australie (1-0). Les Australiens nous ont posé de gros problèmes et ce succès avait un goût de défaite. Il a instillé du doute dans nos têtes. Alors, la réaction proposée dès le lendemain contre les Danois nous a renforcé mentalement. Nous avons eu la sensation qu’il ne pouvait pas nous arriver grand-chose.

Comment expliquez-vous les différences de scores de vos matches contre l’Argentine et l’Angleterre en poule et lors des phases finales ?

Les équipes nous ont vu jouer pendant les matches de poule et ont proposé des schémas très défensifs en phase finale. A cela s’est ajoutée l’émotion des matches à élimination directe… Nous n’avons peut-être pas joué les coups à 100 %. Les scores sont plus étriqués, néanmoins, nous avions, pour nous, une nette possession et nous n’avons jamais vraiment ressenti de danger. Nous avons évolué avec un certain matelas et un certain confort, pour ne pas prendre de but.

« Développer le jeu en mouvements »

 

Quels sont les axes de travail pour maintenir votre domination ?

Il y a plein de secteurs à améliorer : les joueurs doivent encore progresser techniquement. Tactiquement, il va falloir développer encore le jeu en mouvements. Lors de la dernière Coupe du monde, notre sport était relativement statique. Là, les joueurs bougent, font des appels, des écrans. Ce sont les minima tactiques désormais. Les coups de pied arrêtés demandent aussi une attention particulière. Rassurez-vous, il y a du travail.

Vous redécouvriez, lors de ce Mondial, les nations d’Amérique latine, l’Australie… Le paysage international a-t-il un peu changé depuis 2017 ?

Oui, complètement. Les nations d’Amérique latine, qui ont fait appel à des techniciens français ont énormément progressé. Nous retrouvons l’Argentine en demi-finale et ce n’est pas pour rien. D’ailleurs, les Argentins accueilleront la prochaine Coupe du monde dans quatre ans. C’est un signe fort de l’évolution de notre sport sur ce Continent. L’Australie a aussi bien progressé.

Et cette Coupe du monde vous a-t-elle alerté quant à l’émergence future, de nouvelles nations ?

C’est difficile à dire. Les pays anglo-saxons travaillent bien. Au niveau européen, une Coupe d’Europe B a vu le jour avec des nations comme l’Italie, l’Espagne, la Belgique… Ce sont des pays passionnés de foot qui mettent énormément d’énergie pour avoir de belles équipes nationales. Nous pouvons nous attendre à une densification de l’adversité dans les années à venir. Nous aurons une idée plus précise lors du prochain Euro, probablement disputé dans deux ans.

Parlez-nous du développement de la discipline en France. La relève est-elle déjà là ?

La relève est là. Nous avons un groupe talentueux comme nous avons rarement connu. Les clubs commencent à se former et à se structurer. Des clubs de foot pro ont leur section foot-fauteuil. C’est assez récent mais source d’espoir de voir des joueurs se révéler.

Le parcours de l’équipe de France :

Poule : Japon – France : 0-7 ; France – États-Unis : 3-1 ; Argentine – France : 0-6 ; France – Angleterre : 3-0 ; Irlande du Nord – France : 0-8 ; Eire – France : 0-6 ; France – Australie : 1-0 ; France – Danemark : 4-1 ; France – Uruguay : 7-0,

Demi-finales : France – Argentine : 2-0.

Finale : France – Angleterre : 1-1 (2-1 t.a.b).

La sélection tricolore : Mohamed Ghelami, Amine Souabni, Aurélien Fillatre, Erwan Conq, Sylvain Malard, Tristan le Beller, Bryan Weiss, Morgan Lifante. 


A lire également

Deuxième étoile pour les Bleus Handisport

La Billetterie des Jeux Paralympiques est ouverte

Moez El-Assine élu au conseil des athlètes de l’escrime-fauteuil

 
Autres articles sur ce thème : Actualité / Foot fauteuil
haut de page