Fin novembre s’est déroulée, dans les locaux de la Fédération Française Handisport, la première réunion préparatoire au prochain Marathon de Paris qui se déroulera le 12 avril 2015, avec comme chaque année la participation d’athlètes en fauteuil mais également debouts. Eric Martin, membre historique de la commission athlétisme, était évidemment présent et revient pour nous sur l’organisation d’un tel événement.
Comment s’annonce le Marathon de Paris 2015 ?
Comme chaque année, nous espérons avoir un plateau élite toujours relevé chez les hommes en fauteuil et attirer dans le même registre des athlètes féminines.
Ceci est possible grâce notamment à l’implication de Denis Lemeunier, vainqueur en 2013, et de son carnet d’adresse fourni qu’il a pu remplir au cours de sa longue carrière dans cette discipline.
Depuis quand vous occupez-vous de cette organisation et quelles sont les principales évolutions depuis toutes ces années ?
Jean Minier (actuel DTN de la Fédération, mais Directeur sportif de l’athlétisme à l’époque) m’a fait « mettre le doigt dans l’engrenage » en 1991. On récupérait simplement les dossards des athlètes inscrits en fauteuil (une bonne quarantaine !) qu’on remettait à la Fédération la veille de l’épreuve. Il n’y avait pas encore d’inscriptions pour les athlètes debout. Cela s’est développé avec le Patrice Gergès qui a succédé à Jean Minier. Sous son « mandat », l’épreuve handisport s’est développée et nous avons obtenu d’ASO un budget spécifique et conséquent. Cette enveloppe a permis de mettre en place des prestations nouvelles pour les Elites (invitations) et la masse (les 30 premiers du Challenge/Coupe de France Fauteuil Farid Amarouche étaient intégralement pris en charge). Il y a eu la gratuité de l’inscription pour tous les licenciés FFH, l’accueil aux gares et aéroports, les transports, l’hébergement, la restauration (pasta party et déjeuner de clôture), les accréditations et un stand handisport au Running Expo. On a également mis en place un système de primes, un départ anticipé, un encadrement officiel de la course Fauteuil et une tente Handisport à l’arrivée. Au fur et à mesure, cela a pris pas mal d’envergure.
Quels sont les éléments les plus importants sur lesquels vous portez le plus d’attention ?
On s’attelle à ce que tous les participants se sentent accueillis et trouvent une solution à toutes leurs interrogations sur l’organisation et l’épreuve, dans l’ambiance conviviale que l’on a toujours connue.
Quelles sont les difficultés pour organiser ce type d’événements ?
La difficulté, c’est le paradoxe suivant : en dépit de toutes les améliorations, les engagements se sont réduits d’année en année chez les fauteuils de manière incompréhensible. Je n’ai toujours pas compris où et quand on a raté le virage. (20 arrivants fauteuils en 2014).
Et les athlètes debout dans tout ça ?
A contrario, les debout ont toujours une participation stable (24 arrivants en 2014). La difficulté c’est d’ouvrir l’épreuve aux athlètes vraiment éligibles et éviter les tentatives « d’abus » et erreurs d’aiguillage.
Quels sont les critères pour participer au Marathon de Paris ?
Etre éligible à la pratique handisport, avoir réalisé moins de 3h00 pour les athlètes en fauteuil, maîtriser un fauteuil de compétition 3 roues et respecter le règlement IPC en vigueur.
Et les Français ?
Ils sont régulièrement sur le podium (Pierre Fairbank, Alain Fuss), vainqueurs aussi (Philippe Couprie, Joël Jeannot, Julien Casoli, Denis Lemeunier) mais on a eu une génération exceptionnelle. Cela va être dur de retrouver un tel niveau. La relève peine à arriver mais on prospecte.
Dans quel domaine le Marathon de Paris a-t-il encore à apprendre par rapport aux autres marathons internationaux ?
Sur la convivialité, je crois qu’on est pas mal. Les athlètes nous le disent, ils ont plaisir à revenir à Paris. Par contre pour le standing de la prise en charge, on est loin de ce qu’ils peuvent trouver à Londres, New-York, Boston ou Oita au Japon. Par exemple, nos primes sont loin d’être au niveau de celles qu’ils peuvent gagner par rapport à ces autres grandes épreuves internationales. D’un autre côté, si les athlètes reviennent à Paris, ce n’est pas cet aspect qui les motive en premier lieu. Je pense que c’est pour le prestige de cette course dans la plus belle ville du monde mais aussi pour le plaisir qu’ils ont à se retrouver au sein de cette organisation, loin d’être parfaite mais réellement sympathique. Un point important tout de même, on doit également tendre et aller vers la parité et ce dans tous les domaines.
Une anecdote à nous raconter ?
L’impressionnante série de cinq victoires consécutives (1999 à 2003) de Joël Jeannot en Fauteuil. La dernière en particulier, où il mène de bout en bout et établit le record de la catégorie en 1h28 à près de 30km/h de moyenne. Cette année-là, un de mes amis cycliste amateur n’était pas parvenu à le suivre.
Renaud Goude