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Retour d’expérience : Aude Legeay, le tir à l’arc pour les déficients visuels

1 mars 2021
Activité de précision, le tir à l’arc ne semble pas, à première vue, une discipline pour les sportifs déficients visuels. Et pourtant, elle leur apporte de nombreux bienfaits. Aude Legeay, agent de développement au Comité Départemental Handisport du Maine-et-Loire et encadrante de l’activité au club d’Handisport Angers nous explique les adaptations nécessaires et nous livre ses conseils.

Quels sont les bienfaits de la pratique du tir à l’arc pour les personnes déficientes visuelles ?

Aude Legeay : Le tir à l’arc permet tout d’abord de travailler sur la concentration, la mémorisation (répétition de mouvements identiques) et la représentation du corps dans l’espace. Ce dernier élément peut être difficilement gérable pour une personne déficiente visuelle. Le tir à l’arc permet aussi de travailler l’équilibre et la mobilisation globale des muscles, c’est un sport complet. Cette discipline demande une bonne maîtrise de soi pour gérer ses émotions.

Comment fait l’archer non-voyant pour viser ?

Aude Legeay : Pour une bonne technique de visée, il faut que l’archer ait un bon positionnement sur son pas de tir. La mise en tension de l’arc et l’allonge doivent être la même à chaque tir. Si la posture de départ et l’allonge sont différentes, il y aura forcément un changement de trajectoire et donc un tir moins précis. L’archer va pouvoir régler et contrôler sa visée grâce à un repère tactile positionné sur la potence de manière horizontale. Le placement du tactile sur le dos de la main doit être au même endroit à chaque tir. C’est à l’archer de trouver l’endroit précis qui lui correspond le plus (au niveau du dos de la main, en dessous/au-dessus ou proche du pouce, etc.) dans le but de garder un bon alignement du poignet, des épaules et du coude lorsque l’arc est en tension.

La technique de visée la plus connue et utilisée est celle avec un guide. Le guide est présent pour aider à orienter la flèche mais surtout pour donner le score et le résultat d’un tir : en indiquant une couleur et une orientation horaire. Ces indications verbales sont données pour permettre à l’archer de s’auto-corriger. Le guide n’est pas autorisé à donner des apports techniques, seul l’entraîneur doit avoir ce rôle-là (le guide peut aussi être l’entraîneur). Ce dernier intervient de préférence entre deux volées, pour éviter de perturber l’archer au moment du tir. Les corrections pour favoriser un meilleur tir seront majoritairement des changements de posture et de placement pour favoriser les alignements et respecter les fondamentaux (la mise en tension, l’orientation de la flèche et la libération de la corde).

Comment se passe la communication entre l’archer non-voyant et son assistant ? Existe-t-il un code pour donner le résultat du tir de manière précise ?

Aude Legeay : La priorité, c’est la communication et donc l’échange entre le sportif et son guide et/ou entraîneur. Il est important de poser des questions sur les sensations et leurs ressentis lors des différentes actions demandées pour les comprendre et ainsi mieux les accompagner et les corriger. Toute la communication est principalement verbale et tactile. On va apporter toutes les consignes et les corrections par la voix (annonces claires et précises de tous les paramètres), en suivant une pédagogie évolutive (une consigne/correction à la fois). Si j’ai besoin de corriger en touchant la personne, je demande son autorisation.

La plupart des archers non-voyants ont appris en institut spécialisé ou à l’école le système du “cadran horaire”. Ils sont en capacité de visualiser le cadran d’une montre et de comprendre le système. Si certains ne le connaissent pas, il faut leur apprendre car c’est un outil indispensable qui permet d’annoncer le résultat et de corriger la personne le plus précisément possible. Si j’annonce “tir dans le bleu à 3h”, l’archer va pouvoir situer et imager où se trouve sa flèche. Ces informations lui permettront, lors de ses prochains tirs, de s’auto-corriger et de visualiser de manière plus claire l’endroit où la flèche va atterrir.

C’est un très bon moyen de donner le résultat après tir et un parfait complément aux outils pédagogiques que l’on va pouvoir leur apporter au quotidien. En fonction du handicap (si déficience visuelle de naissance ou pas), le sportif ne va pas forcément avoir la même connaissance des couleurs et un apprentissage peut s’avérer nécessaire : plaquette en relief, etc.

Rédaction : S.Grandol

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