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Aladji Ba : « Naturellement, un aveugle ne court pas »

24 avril 2020
Chaque mois, la FFHandisport revient, à travers une série de portraits, sur ses anciens champions. Double médaillé paralympique du 400m (catégorie T11), Aladji Ba est aveugle depuis l’âge de cinq ans. Toujours dans le monde du sport, il met un point d’honneur à transmettre les valeurs qu’il a toujours véhiculé en tant qu’athlète.

Quand Aladji Ba s’envole pour Sydney en octobre 2000, il s’apprête à réaliser un double-rêve : aller en Australie et faire les Jeux Paralympiques. Pour lui, l’aventure australienne était « magique et frustrante ». « J’ai couru le premier et quasiment le dernier jour des Jeux, je n’ai pas pu profiter de la ville », se souvient-il vingt ans plus tard. Mais il ne regrette rien. « L’équipe de France paralympique en 2000 était très soudée, on a pu apprendre à connaitre des athlètes d’autres disciplines grâce au camp d’entrainement à Nouméa auparavant », se réjouit-il.
 

Athènes 2004 © Baheux

Pour Aladji Ba, aveugle depuis l’âge de cinq ans, Sydney est aussi synonyme de première médaille paralympique : le bronze sur 400m, avec son guide Philippe. Une performance qu’il réitère, quatre ans plus tard, à Athènes, avec Denis cette fois. « À Athènes, c’était vraiment une compétition géniale, on a eu un accueil formidable par les locaux », raconte-t-il. « C’est la première fois qu’on courait devant autant de monde, il y avait 50 000 personnes. » Onze ans plus tard, en juin 2015, Aladji Ba range les crampons et prend sa retraite sportive, deux médailles paralympiques, deux médailles mondiales et quatre médailles européennes autour du cou.
 
Originaire du Sénégal, Aladji Ba n’a jamais représenté son pays natal. « Au début, j’y ai pensé, puis ça ne s’est jamais fait. J’ai été naturalisé français en 1998, et j’ai tout de suite intégré l’équipe de France. »
 
Aladji Ba commence l’athlétisme au collège, en cours d’EPS. Mais ce n’est qu’à l’âge de 18 ans qu’il se met à la compétition. « Pour moi, c’était vraiment pour faire de l’athlétisme et m’amuser. Naturellement, un aveugle ne court pas », souligne-t-il.
 

Aladji Ba et Denis Auge © B. Loyseau

Il s’entraine donc avec un guide : Nicolas, puis Philippe et enfin Denis. « Quand j’ai commencé à m’entrainer pour le haut-niveau, j’ai réappris à courir. Techniquement, je n’étais pas bon », explique le double médaillé paralympique. La relation entre un guide et un athlète aveugle est particulièrement cruciale. « Le guide doit ressentir comment va l’athlète et réagir avec lui. À l’inverse, l’athlète doit apprendre à faire confiance à son guide », précise-t-il.
 
Denis Augé, son guide à Athènes et Pékin est un véritable ami. Ils travaillent régulièrement ensemble dans des missions de sensibilisation au handicap, dans les écoles, entreprises et prisons d’Île-de-France.
 
Le reste du temps, Aladji Ba est trésorier du Comité départemental handisport de Seine-Saint-Denis (93). « Une grosse partie des Jeux de 2024 se déroulera dans le 93, je me suis engagé car je trouvais ça dommage que dans ce contexte, le comité départemental soit entrain de s’éteindre », avance-t-il pour justifier son choix. Pour lui, les Jeux de Paris doivent être un vecteur de reconnaissance pour le handicap et le handisport. « Les gens regardent les Jeux Paralympiques. Il faut arrêter de parler de nous par contrainte et non par envie », conclut-il avec des regrets, mais aussi de l’espoir.
 
Rédaction :  S. Chauvet


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