On dit que le sport de haut niveau ouvre des portes. Quand il commence le rugby fauteuil, Cédric Nankin « galère » à trouver un travail, décrochait un CDD grâce à son BTS en gestion avant d’être embauché en contrat aidé au sein de son club, le CAPSAAA à Paris. Mais le rugby fauteuil, ou quad rugby pour les initiés, coûte de l’argent. « Le sport c’est bien sympa, mais nous ne sommes pas rémunérés pour le faire, c’est un peu compliqué de trouver un emploi qui permette de continuer à avoir le même niveau d’entraînement tout en subvenant à nos besoin », explique-t-il. Cédric Nankin comptait donc arrêter sa carrière à Tokyo, l’été prochain, huit ans après sa première sélection en équipe nationale.
Mais le destin en a décidé autrement. Il intègre le dispositif pour les athlètes de haut niveau de la SNCF au cœur de l’été 2020, à peu près à la même période qui aurait dû être celle de ses derniers Jeux Paralympiques, si la Covid n’était pas passée par-là. « Je suis adjoint méthode MOA au sein d’une filiale de la SNCF, j’ai comme mission d’amener un esprit collectif dans l’agence, de sorte que les différents services puissent travailler tous ensemble », détaille l’athlète de 36 ans, qui bénéficie d’un aménagement du temps de travail pour continuer à s’entraîner.
L’esprit d’équipe, Cédric Nankin connaît bien, grâce à sa carrière de rugbyman fauteuil. Tout a commencé par hasard, lors de ce CDD décroché en 2010. Un de ses collègues lui donne rendez-vous au gymnase, pour lui présenter Ryadh Sallem. « Il faut que je t’embarque dans un truc », lui dit ce dernier quand il arrive. Il lui fait alors découvrir le quad rugby, discipline inventée outre-Atlantique. « Il ne me convainc pas plus que ça, mais me fait une prémonition : si je viens dans ce sport, réservé aux personnes tétraplégiques, j’arriverai rapidement en équipe de France. » C’est qu’à cette époque, le rugby fauteuil est très peu développé en France. Ryadh Sallem, lui, est justement en train de monter une équipe. L’effectif est au complet en 2011. Deux ans plus tard, en 2013, Cédric Nankin entre en effet en équipe nationale, lors des Championnats d’Europe à Anvers.
En 2016, il s’envole avec les Bleus pour Rio. « Une fois que j’ai commencé à toucher le haut niveau, j’ai rêvé des Jeux Paralympiques, raconte-t-il. Je me souviens quand nous sommes entrés dans le stade pour la cérémonie d’ouverture, il y avait une sacrée ambiance. » L’équipe de France termine 7e, un résultat décevant pour Cédric Nankin, mais « une expérience enrichissante ». L’année suivante, elle remporte sa première médaille continentale, le bronze. Une performance que Cédric Nankin et le reste de l’équipe réitère deux ans plus tard. Désormais bien installé à son poste à la SNCF, il se concentre sur les Jeux de Tokyo, d’où il espère ramener une médaille. « On a une équipe de plus en plus forte. » Et pourquoi pas l’or ? « On le garde pour Paris ! » rigole-t-il.
Rédaction : S. Chauvet
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