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Mathieu Jeanne, les différentes pratiques du cyclisme Handisport

16 juillet 2021
Entraîneur de l’équipe de France de cyclisme handisport depuis 3 ans, Mathieu Jeanne était déjà entraîneur des tricolores aux Jeux Paralympiques de Londres. Détenteur d’un Master STAPS Entraînement avec spécification handisport, il a effectué un stage dans le paracyclisme, discipline qu’il n’a plus jamais quittée depuis. Retour sur les grandes lignes du cyclisme handisport à travers les quatre pratiques et leurs spécificités.

Quels sont les bienfaits de la discipline pour les personnes en situation de handicap ?

Mathieu Jeanne : Il y a deux points de vue différents. Le premier concerne la santé puisque la pratique sportive est la suite logique de la rééducation. Le corps reste actif et il est même possible de récupérer un peu de mobilité et de force dans les membres. Cela apporte un plus dans la vie de tous les jours.

Le second point de vue concerne l’aspect social et l’acceptation de son handicap. Pouvoir maintenir l’activité, avec des adaptations, permet de continuer de s’épanouir dans la discipline et de pratiquer un sport comme une personne valide. La considération entre aussi en jeu, malgré le handicap et les accidents de la vie, il n’y a jamais rien de négatif bien au contraire.

Pouvez-vous nous présenter les différents supports de pratique et à quels publics ils sont destinés ?

M.J : Il existe 4 catégories.

Le handbike qui est praticable couché pour les personnes paraplégiques ou tétraplégiques ou à genoux pour les personnes amputées des membres inférieurs (une ou deux amputations). Le pédalage se fait à la main et la technique, dans le jargon, est dite en “simultané” (au contraire du vélo classique qui se fait en “alternatif”), cette technique va servir de pilotage et de mouvement de pédalage.

Le tricycle est destiné à deux catégories de handicap qui vont dépendre du degré de capacités fonctionnelles. Le vélo possède trois roues (deux à l’arrière et une à l’avant) et la pratique est destinée aux personnes ayant des troubles de l’équilibre (le tricycle permet de rester stable) tels que les sportifs cérébro-lésés par exemple (paralysés cérébraux, séquelles d’accidents vasculaires cérébraux…).

La pratique du tandem se fait avec un pilote valide et un stockeur (situé à l’arrière) qui est malvoyant ou non-voyant. Lors des courses, l’ensemble des coureurs déficients visuels sont mélangés même s’ils sont bien distincts dans les classifications.

Concernant le vélo solo, il y a 5 catégories qui dépendent également du handicap et les adaptations se font en fonction de ce dernier (par exemple : le frein et le changement de vitesse sur la même manette pour les hémiplégiques ou les personnes ayant un problème sur un bras ; rajout d’orthèse pour caler le moignon, etc.). Pour le plus petit handicap, la principale règle pour pratiquer le vélo solo est que l’une des surfaces d’appuis doit être réduite de moitié ou qu’il y ait une perte de force significative (pied bot, absence de doigts, malformation du pied ou de la main, etc.). Pour le handicap le plus lourd, ça peut aller jusqu’à 3 membres touchés (deux bras et une jambe, etc.). Au milieu, on retrouve les personnes atteintes d’hémiplégie.

Quelles sont les spécificités d’entraînement des pratiquants en handbike ?

M.J : Pour certains sportifs (blessés médullaires par exemple), il peut y avoir des problèmes au niveau de la thermorégulation (pas ou peu de transpiration ni de sensation de chaleur corporelle), on va donc éviter de faire des entraînements lorsqu’il fait trop chaud car cela peut devenir problématique physiquement et entraîner entre autres des soucis d’hydratation. Sur la charge d’entraînement, la récupération ne sera pas la même en fonction de la gravité du handicap, il faudra donc adapter le nombre d’heures d’entraînements. Il en est de même sur les exercices de musculation et en fonction de l’atteinte médullaire (absence ou présence de muscles abdominaux), il faudra bien choisir quels types d’exercices convient à quel type de handicap (les sportifs tétraplégiques ont des faiblesses au niveau des triceps donc certains exercices ne seront pas réalisables lors de la préparation physique). Sur le vélo, on reprend les mêmes principes que la pratique valide en terme de suivi d’entraînement (avec les capteurs de puissance, etc.) mais toujours avec une adaptation au niveau de la charge de travail. Les bras des pratiquants en handbike leur servent à faire du sport et à vivre, la formation du sportif démarre donc à partir du centre de rééducation. L’ensemble des adaptations est à faire au niveau de la motricité et de la mobilité des membres supérieurs. Un hanbdbiker mettra beaucoup plus de temps à se développer (cela va dépendre de l’âge auquel il a acquis son handicap) et cette évolution dépendra vraiment de chaque personne.

Rédaction : S.Grandol

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