La belle surprise de ces championnats de France 2023 s’appelle Quentin Fernandez Anssoux, 3e au fleuret et 2e à l’épée. » Ce sont ses deux premiers podiums au championnat de France », salue Alain Febvre, le directeur sportif de la discipline. » Il confirme ainsi sa montée en puissance et les nombreux podiums réussis au niveau national, en fin de saison. «
Sinon, les finales de cette édition 2023 ont très souvent été des « remake » de la saison dernière. Si Damien Tokatlian a pris sa revanche sur Ludovic Lemoine au fleuret, ce dernier a conservé son titre au sabre. Comme en 2022, le Clermontois a pris le dessus face à Serge Robin.
Au-delà des ténors, qui ont tenu leur rang, Alain Febvre note les belles prestations de quelques jeunes en devenir. On pense notamment à Mathias Panisset (Valence) et Matteo Luthi (Paris CEFC), quart de finalistes dans leurs tableaux respectifs.
Ces résultats sont les bienvenus quand on sait que les meilleurs des championnats de France peuvent bénéficier de wild-card pour disputer des coupes du monde.
Sarrebourg, qui accueillait ce rendez-vous national pour ses 50 ans d’existence, a tenu son rang en matière d’organisation. » C’était vraiment très bien. Tout en programmant de nombreuses surprises très sympathiques (fanfare et chorale pour La Marseillaise…) à côté des assauts, le club a aussi mis la compétition en avant de fort belle manière. «
À trois mois et demi des championnats du monde, prévus à Terni en Italie (30 septembre – 6 octobre), les leaders tricolores ont plutôt tenu leur rang. Et ce malgré l’arrivée d’une relève de plus en plus dense. L’escrime handisport française récolte aujourd’hui les fruits de la politique de développement initiée par la commission dirigée par Alain Febvre. “ Nous sommes passés de 350 licenciés en moyenne par an ces dernières saisons, à plus de 550 cette année. Cette hausse récompense l’important travail de développement et de détection effectué par les référents régionaux, explique le directeur sportif. C’est la conséquence des actions mises en place avec les territoires sur les JAP régionaux. ”
L’arrivée de nouveaux licenciés s’explique aussi par la mise en place des championnats régionaux. Six régions en proposent un cette année. “ Elle n’étaient que deux il y a un an », apprécie Alain Febvre. « On espère continuer à généraliser cet échelon. Il constitue la première ouverture sur la compétition. ” Renouer un lien plus étroit avec la Fédération Française d’Escrime et établir une nouvelle convention dès septembre prochain peut favoriser la mise en place de championnats régionaux dans de nouvelles régions. “ La FFE a un circuit régional bien structuré sur lequel nous pourrions nous appuyer ”, se projette Alain Febvre, conscient de l’enjeu en termes de développement.
Ces rendez-vous régionaux offrent la possibilité de se confronter à une adversité différente sans pour autant avoir à traverser la France. Comme les circuits nationaux, les championnats régionaux permettent, à un coefficient moindre, de cumuler des points. Les sportifs peuvent ainsi prétendre à participer aux championnats de France dans la division N2. “ On a effet créer deux catégories lors des France ”, justifie Alain Febvre.
La Nationale 2 chez les hommes a rempli son objectif en proposant, dans les trois armes, aux athlètes moins expérimentés d’aller chercher un podium sur une épreuve nationale majeure avec une adversité plus en adéquation avec leur niveau.
Pour densifier encore le vivier, l’objectif est toujours de positionner de l’escrime sur tous les JAP régionaux. Cela doit permettre de récupérer ces sportifs sur le JAP National. Ils sont alors pris en charge par Maitre Antoine Manceau, l’entraîneur du collectif France jeune.
Dès cette année, les stages régionaux vont être intensifiés afin de préparer, dès à présent, l’après Paris 2024. Les jeunes (- de 15 ans) ne représentent que 12 % des licenciés. Les raisons sont multiples. “ Le matériel, lourd et difficile à déplacer, ne leur est pas tout à fait adapté. Les fauteuils ne sont pas conçus pour eux et il faut avoir une maîtrise de son corps et de la coordination que l’on acquiert plutôt à l’adolescence. Cela vaut aussi chez les valides où le baby-escrime n’est pas très développé. Par ailleurs, dans de nombreux autres sports, on déplace le fauteuil, or en escrime, il faut bouger son corps dans le fauteuil, qui reste fixe. Cela change beaucoup de choses. ”
La formation des maîtres d’arme des clubs valides, à l’escrime handisport, apparaît comme un des moyens pour promouvoir la discipline dans les territoires et favoriser la pratique des sportifs de moins de 15 ans. Les difficultés rencontrées pour sensibiliser ce public après le Covid ne semblent être plus qu’un mauvais souvenir. “ On constate un regain de forme sur ces tranches d’âge », juge Alain Febvre. « On a d’ailleurs pu remettre en place un championnat de France jeune à Sarrebourg, très apprécié et remporté par Noha Cheuzeville. Une première depuis deux ans qui ne suffit toutefois pas à faire oublier que les jeunes constituent un axe de développement prioritaire.”
L’escrime handisport est accessible à toutes les personnes présentant un handicap des membres inférieurs. Il existe trois catégories de pratique en fauteuil (A, B et C) et une en debout, dédiée aux déficients visuels. Cette dernière n’est pas représentée aux Jeux paralympiques. Tout comme la catégorie C, accessible aux tétraplégiques. En revanche, il y a des tableaux catégorie C aux championnats du monde et d’Europe.
Les catégories A et B sont donc les seules qui figurent au programme des Jeux Paralympiques. La première nommée est destinée “aux paraplégiques haut” et aux sportifs mal marchants (amputés, polios, IMC…). “ Au plus haut niveau, on retrouve peu de personnes en fauteuil en catégorie A », ajoute le DS. « Les podiums sont souvent trustés par des mal-marchants. ” En loisir comme au niveau national, les fauteuils éligibles en catégorie A trouvent toutefois leur place. La catégorie B, elle, réunit généralement des paraplégiques haut (sans abdo).
En France, il n’y a pas de pratiquant en catégorie C (pas d’équilibre du tronc ni proprioception au niveau des mains). “ La commission, jusqu’ici, n’ayant pas les moyens d’accompagner ce public (aide de vie, aide-soignant), on a pris du retard en matière développement ”, admet Alain Febvre dont l’objectif est aussi de dynamiser la pratique féminine. Elles n’étaient que cinq en senior, à Sarrebourg, le week-end dernier au sabre, qui reste globalement l’arme à développer en France. “ Il y a une relève à trouver parce que les médaillés du jour vont arrêter et il existe, à ce jour, un vrai écart entre ces tireurs et leurs poursuivants. ”
L’escrime française handisport se porte mieux et l’avenir, au regard des différents axes de développement ciblés, pourrait être encore plus radieux.
Rédaction : J. Soye
Féminine
Épée : 1. Briana Vidé (Hope), 2. Clémence Delavoipière (Levallois), 3. Cassiopée Bourgine (Cormeilles) et Enora Tarju (Pontivy).
Fleuret : 1. Briana Vidé, 2. Clémence Delavoipière, 3. Cassiopée Bourgine.
Sabre : 1. Briana Vidé.
Hommes.
Épée : 1. Luca Platania (Levallois), 2. Quentin Fernandez Anssoux (Lyon MDF), 3. Gaëtan Charlot (Lyon MDF) et Adrien Turkawka (Bordeaux CAM).
Fleuret : 1. Damien Tokatlian (Estokad), 2. Ludovic Lemoine (Stade Clermontois), 3. Quentin Fernandez-Anssoux.
Sabre : 1. Ludovic Lemoine, 2. Serge Robin (Nice OGC), 3. Marc-André Cratère (CSINI Paris) et Maxime Valet (Toulouse UC).
Féminines.
Épée : 1. Stéphanie Malarme (CE Reims).
Fleuret : Sophie Sablon (Masque de fer Lyon).
Sabre : Sophie Sablon.
Hommes
Épée : 1. Yohan Peter (Mousquetaire du Val d’Europe).
Fleuret : Maxime Valet (Toulouse UC).
Sabre : Maxime Valet.
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